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la défend. Dans sa troisième campagne , le capitaine
Ross compléta pour ainsi dire la reconnaissance des
terres Louis-Philippe et Joinville, dont Dumont-d’ür-
ville avait déjà assigné les limites dans le nord. Comme
les Français, les Anglais échouèrent complètement
dans la tentative qu’ils firent pour s’avancer dans le
sud, en suivant la route du capitaine Weddell. Cependant,
si le capitaine Ross n’eût pas déjà dépassé dans
sa deuxième campagne le 78® parallèle, il aurait dû
considérer comme un succès d’avoir atteint, dans sa
troisième pointe vers les glaces, le 71® degré de latitude
sud.
Les succès de l’expédition anglaise furent donc
fort grands. Ce ne fut pas seulement dans sa patrie que
le capitaine Ross reçut les témoignages flatteurs dus
à l’intrépidité et à la persévérance qu’il avait déployées
à remplir sa mission. La Société de géographie
de Paris, présidée jadis par l’infortuné Dumont-
d’Urville qu’elle avait couronné auparavant, s’empressa
de lui offrir sa grande médaille d’or.
Cependant, nous devons dire que c’est avec un
sentiment pénible que nous avons remarqué, dans les
lettres du capitaine Ross qui nous sont parvenues et
dans le compte rendu que nous venons de citer,
certaines allusions plus ou moins directes au dernier
voyage du capitaine Dumont-d’Urville. Certes,
si nous avons été moins heureux que nos successeurs,
Dumont-d’Urville n’a montré ni moins d’intrépidité,
ni moins de persévérance que le navigateur anglais.
Mieux que personue, le capitaine Ross sait tout ce que
les navigateurs doivent au hasard. Lorsque, le 19 janvier
1840, les corvettes françaises trouvèrent la route
barrée par la terre Adélie, l’intention de leur commandant
était bien de s’avancer encore dans le sud,
mais la terre s’étendait devant nous perpendiculairement
au méridien sur lequel nous dirigionsnotre route;
il fallait la contourner pour se diriger vers le pôle,
et prendre par l’est ou par l’ouest. Quelle était celle de
ces deux routes qui offrait les plus grandes chances
de succès?^ll s’agissait d’opter, et rien ne pouvait nous
aider dans ce choix : les vents en décidèrent. Ils
soufflaient du côté de l’est; nous nous dirigeâmes vers
l’ouest, et la terre nous ramena vers le nord. Plus
heureux, le capitaine Ross connaissait nos travaux
et ceux des Américains; il put en faire son profit, et
bien certainement s’il n’avait pas eu connaissance de
la terre Adélie, il n’eût pas usé de son pouvoir discrétionnaire
pour changer son itinéraire et aller plus à
l’est faire la découverte importante de la terre Victoria
que nos découvertes avaient facilitée. Si Dumont
d’Urville n’avait dû conduire ses navires que
dans les régions glaciales, il n’y a pas le moindre
doute que c’eût été par les parages explorés après
lui par le navigateur anglais qu’il eût commencé
sa nouvelle campagne. Si, lorsque VAstrolabe et la Zélée
rencontrèrent la terre , elles n’avaient pas eu un
équipage déjà décimé par les maladies et fatigué par
une navigation pénible; si même elles eussent trouvé
des vents d’ouest, n’auraient-elles pas continué à longer
la terre dans l’est, comme c’était l’intention de