1839. ger que nos pertes ne s’arrêteraient pas là. Nous
Novembre. , . ^
comptions encore parmi nos malades deux ou trois
hommes dont l’état ne laissait pas d’espoir de guérison.
»
A bord de VAstrolabe, la maladie paraissait stationnaire
; les coliques qui avaient forcé plusieurs
officiers à suspendre leur service, ne tardèrent pas
à céder au traitement des médecins. Les malades
les plus sérieusement atteints, parmi lesquels nous
comptions MM. Marescot et Gourdin, semblaient
éprouver un soulagement sensible; malheureusement,
les éléments vinrent, à leur tour, conspirer
contre nous. Pendant trois jours, nous fûmes assaillis
par de fortes tourmentes de la partie Est qui soulevèrent
autour de nous une mer affreuse, extrêmement
fatigante pour nos malades.
17 Le 17 novembre, quelques instants de calme permirent
à un canot de Y Astrolabe d’aller visiter la Zélée.
M. Dumoutier, qui le montait, me rapporta des nouvelles
bien plus satisfaisantes que je n’osais l’espérer.
Onze hommes seulement restaient encore sur les cadres;
trois étaient grièvement atteints, mais un seul
était dans un état désespéré. Il ne se présentait plus
de nouveaux cas ; la maladie semblait toucher à son
terme. M. Goupil était toujours dangereusement
malade ; mais M. Pavin de la Farge paraissait être
en pleine convalescence. M. Dumoutier, au moment
de sa visite, avait trouvé cet officier se promenant
sur le pont, et nourrissant l’espoir d’être
bientôt revenu à une parfaite santé. L’infortuné ne
pensait pas alors que ses douces espérances ne devaient
jamais se réaliser. M. Dumoutier s’était en outre
rendu porteur de lettres à mon adresse, signées par
MM. Dubouzet, Montravel et Coupvent. Ces officiers
me faisaient connaître qu’ils n’avaient jamais
chargé M. Leguillou de m’adresser la demande dont ce
chirurgien s’était fait, disait-il, l’interprète, mais qui
était de sa pure invention. Ils protestaient hautement
de leur zèle et de leur désir de voir s’accomplir en
entier la mission qui nous était confiée.
Nous avions alors passé le quarantième degré de latitude
sud , et jusque-là nous n’avions encore éprouvé
que des calmes ou des vents d’est. La brise commença
cependant à souffler du N. N. 0 ., mais elle était encore
faible et inconstante. Nos navires étaient loin d’atteindre
la vitesse après laquelle nous soupirions avec
tant d’impatience. Toutefois ce changement de vent
ranima nos équipages, et la joie sembla renaître à
bord, mais elle fut de courte durée, car bientôt nous
fûmes assaillis de nouveau par des calmes qui nous
permirent à peine de changer de place. Le même jour,
dans la soirée, la Zélée perdit encore un de ses marins
, le nommé Gogiiet, matelot de première classe,
attaqué par la dyssenterie depuis environ un mois.
De notre côté, nous ne conservions plus aucun espoir
de sauver M. Marescot. A quelques jours de là,
nos deux corvettes devaient confier à la fois trois cadavres
aux flots de la mer.
Le 23 novembre fut une de nos journées les plus
funestes. Dans la matinée et à quelques heures d’in