que dans nos deux précëdeiiles relâches sur Bornéo,
faire une excursion de quelques heures sur l’île.
« Je profite d’une belle soirée pour tendre mes lignes
derrière le navire ; je prends quelques poissons,
les mêmes espèces que j’ai déjà rencontrées dans tous
nos mouillages du détroit de Makassar, c’est-à-dire
le Iherapon esclave et un trigle, poissons d’un goût
fort médiocre. Une très-belle annélide, couverte de
bouquets de poils superposés comme des écailles et
offrant de brillantes couleurs irisées, vient aussi,
chose extraordinaire, se prendre à l’hameçon.
« Le lendemain matin, armés de toutes pièces,
nous débarquons sur une plage rocheuse où croissaient
avec peine quelques palétuviers rabougris. La
roche, de couleur rougeâtre, était marbrée çà et là
de grandes lignes noires sur lesquelles se porta notre
attention; nous reconnûmes qu’elles étaient dues à
de très-beaux filons d’une houille compacte, qui se
montrait ainsi à fleur de terre dans diverses directions.
Nous en déposâmes plusieurs gros échantillons
dans les canots. Cette mine de houille, qui paraît
très-abondante , est tout à fait ignorée ; elle
serait d’un grand secours pour les colonies hollandaises
qui possèdent déjà quelques bâtiments à vapeur.
Il nous parut à tous qu’un petit bâtiment aurait
facilement pu faire son chargement sans creuser, et
seulement avec la houille qui se montrait à la surface
du sol.
« Toute cette plage était couverte pendant la marée
montante ; d’iin côté, elle s’adossait à une ceinture
de rochers escarpés, an delà desquels s’étendait la
foret. Sur le point d’y pénétrer avec M. Desgraz, je
remarquai, sur le sable humide, des traces récentes
que je crus pouvoir attribuer à un sapŸoidang, ou
antilope à cornes déprimées de MM. Qiioy et Gaimard.
A quelques pas de là, je trouvai un crâne de tigre;
cette rencontre m’avertit de ne point m’aventurer
sans précaution, aussi glissai-je une balle dans un
des canons de mon fusil, puis nous entrâmes dans la
forêt; elle me parut composée des mêmes arbres
que j’avais déjà remarqués sur les antres points de
Bornéo; on pouvait assez facilement y pénétrer. Sur
ses bords je tuai quelques petits oiseaux, entre autres
les jolis souimangas aspasie et moustac, puis un four-
millier, im édèle, un jora et une petite hirondelle
très-commune sur la plage.
« Nous parcourûmes longtemps la forêt sans a})cr-
cevoir aucune trace de bête sauvage ; en approchant
d’un grand arbre abattu par le vent, un sanglier, qui
fouillait dans le trou qu’occupaient les racines, s’enfuit
précipitamment et se perdit dans les broussailles
avant que j’eusse pu le viser. Un peu plus loin, M. Desgraz,
qui n’avait pas de fusil, vit un superbe cerf axis
arrêté à quelques pas de lui. Un monceau de branches
cassées tout récemment vint exciter nos conjectures;
aucune trace de pas n’existait aux environs, c’était
probablement l’oeuvre de quelque grand singe.
« Je trouvai, sur un petit arbre, un nid contenant
trois petits animaux qui me parurent être des rongeurs,
mais dont je ne pus déterminer l’espèce; ils
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