maisons de plaisance sont encore aujourd’hui trop
espacées les unes des autres pour constituer une
ville ; l’emplacement qu’elles occupent est désigné
sous le nom de Bajong.
La plus belle de toutes ces habitations est peut-être
celle où M. Tissot a établi sa résidence ; elle fut construite,
dit-on, par un Arménien, qui dépensa200,000
roupies. Plus tard, de fausses spéculations et les
grandes dépenses qu’avait nécessitées sa construction
conduisirent son propriétaire à sa ruine. Obligé de
vendre ses propriétés pour faire face à ses créanciers,
le négociant arménien ne put jamais trouver dans la
colonie un homme ayant une fortune suffisante pour
acheter ce palais; M. Tissot se présenta comme acquéreur,
et l’obtint pour 18,000 roupies. C’est sans
contredit la maison la plus somptueuse que j’aie vue
parmi celles de Samarang et même de Batavia ; elle
est précédée d’une vaste cour traversée par un large
ruisseau. Les abords de ce cours d’eau sont garnis
par des bosquets composés des arbustes et des arbres
les plus beaux. Cette maison ne comporte qu’un seul
étage; le rez-de-chaussée est divisé en plusieurs salles
magnifiques décorées avec beaucoup de luxe. Les
appartements particuliers et les chambre« à coucher
sont au-dessus. Tout autour de ce bâtiment il existe
line galerie extérieure parquetée en marbre, où règne
toujours une fraîcheur des plus agréables. Un large
escalier conduit à cette galerie ; ce fut là que nous
mîmes pied à terre.
M. Tissot me présenta toute sa famille; il nous fallut
accepter son hospitalité sans restriction, et nous
ne pûmes quitter sa demeure sans accepter son déjeuner.
L’hôtel du résident était à peu de distance, nous
nous y rendîmes. Cette habitation était loin d’avoir la
fastueuse apparence de celle que nous venions de
quitter. On y arrive sous une longue allée ombragée
par des arbres hauts et touffus. La maison, quoique
déjà ancienne, aurait paru belle et somptueuse dans
toute autre ville; elle est occupée aujourd’hui par
M. Baud, neveu de l’ancien gouverneur général de
ce nom, et résident de la province de Samarang ; il
nous reçut avec beaucoup de prévenance et renouvela
auprès de nous toutes ses offres de services. Il nous
fit promettre de lui donner un jour pour faire une
course dans la campagne avec lui ; et il ne nous quitta
qu’après nous avoir comblé de politesses. Nous nous
rendîmes ensuite chez M. le colonel de Broon, commandant
supérieur de toutes les forces militaires du
district de Samarang, et chef du corps d’observation
campé à plusieurs lieues dans l’intérieur. Par
suite des mécomptes que cet officier avait éprouvés
dans son avancement, il venait de demander sa retraite,
18,39.
S(;plcmbre
et il se préparait à effectuer sous peu son retour
en Europe. Irrité des passe-droits qu’il avait subis
dans une carrière remplie avec honneur et activité,
M. de Broon s’était décidé à repousser toutes les propositions
qu’on pourrait lui faire par la suite, et il
avait quitté une position dans laquelle il croyait avoir
à se plaindre. Nous le trouvâmes occupé à vendre les
meiililes et les effets qu’il ne pouvait pas emporter