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oflîciers en deux bordées se relèvent de deux eu deux beures.
Lagrande voile est déchirée sur ses cargues. La Zé/échorsde vue.
De 8 heures à minuit, le temps toujours Irès-brumeux, la mer
grosse, la neige tombe par intervalles. Le vent, toujours très-violent
, commence cependant à éprouver quelques accalmies.
Le 26, dans l’après-midi, on a relevé divers points de la tei-re
Adélie qui est toujours encroûtée. On remarque cependant que
le dégel a fait des progrès sensibles. Quelques sommets commencent
à poindre du milieu des neiges, et l’on commence à distinguer
un peu le relief du terrain. Mais la côte n’offre encore qu’une falaise
de cristal. Nous revoyons cette chaîne de glaces flotlantes
dont le coup de vent dernier a sans doute un peu hâté la marche
pesante vers l’ouest. A midi, on en comptait vingt-trois ; à huit
beures du soir, quatre-vingt-quatre.
11 résulte de cette navigation que nous devons nous estimer
irès-beureux d’avoir accosté la terre d’Adélie sur un méridien où
la mer était assez libre de glace. i5 lieues plus à l’ouest, nous aurions
rencontré la banquise, qui nous eût tenus à une trop grande
distance de la terre, pour nous permettre de la découvrir.
Le 29, à quatre beures, nous venions de reconnaître la banquise,
quand on aperçut dans la brume un navire qui paraissait
se diriger sur nous ; la rencontre parut si singulière, qu’on supposa
d’abord que ce n’était qu’un glaçon de forme pyramidale.
Mais le navire étant couvert de voiles, et la brume se dissipant,
nous ne tardons pas à reconnaître que ce n’est ni une glace
ni une ombre , mais un véritable brick, ayant les couleurs des
Etats-Unis. IdAstrolabe et la Zélée, en ce moment bien ralliées,
onthissé leur pavillon, et attendu sous petites voiles lebrick américain.
Celui-ci n’étant plus qu’à deux encablures par notre travers
au vent, \Astrolabe a amuré sa grande voile , sur quoi le
brick a laissé porter au sud et poussé sa route vers la banquise,
qui dans ce moment est embrumée. Ce navire paraît être de i5o
à 160 touneaux; ses formes aussi peu élégantes que celles de nos
corvettes. Nous n’avons pu apercevoir sur son pont qu'une vingtaine
d’hommes.
Le 3o, à huit beures vingt minutes, la vigie aiiiioiice la leri ■e
dans la direction du S. au S. O. : ce que nous examinons avec
tant d’attention depuis une demi-heure a pris un corps, et ne
saurait être de la brume. Mais celte bande, qui s’étend depuis ie
S. S. E. jusqu’au S. O. | S., est si plate, si uniiorme, qu’on conçoit
à peine l’existence d’une terre taillée avec une si parfaite régularité.
D’un autre côté , peut-on supposer qu’il puisse exister
un bloc de glace d’une dimension aussi prodigieuse ? Nous n’avons
encore vu, nulle part, rien de semblable à cette immense falaise
de glace qui se déploie dans une étendue de plus de dix lieues,
et dont les extrémités se perdent dans le vague de fhorizon. Nous
avons donc cru que ce nouveau rivage n’était que l’escarpement
de la croûte de glace enveloppant une terre que nous ne tarderions
pas à découvrir.
A hvûl heures trente minutes , la route est donnée au S. S. 0 .
pour accoster cette falaise et l’examiner de près. La mer , balayi'e
par les derniers coups de vent d’est, est à peu près dégagée des
glaces flottantes, dont on n’aperçoit que quelques débris claii -
semés.
A dix heures, nous n’étions plus qu’à environ trois milles de l,i
côte. Elle est taillée à pic et se dresse au-dessus de la mer, à la
hauteur de i5o pieds environ. Ou ne distingue rien au-dessus de
la crête qui forme une ligne rigoureusement droite et parallèle à la
ligne d’horizon. 11 faut parcourir plusieurs lieues de cette côte
pour y rencontrer une crevasse, une simple fissure qui annonc!-
sa prochaine rupture. Le cap le plus avancé, qui forme un angle
obtus vers le nord, paraît insensible à l’action des grosses lames
de l’E. et du N. 0 . , qui tour à tour viennent se ruer à sa base.
Après avoir doublé ce cap, nous remarquons avec étonnement
qu’une grosse boule du S. E. nous est renvoyée par la côte. C’est
la houle du large ou du N. 0 . qui se réfléchit à la base des falaises
où elle déferle à peine. On croirait un instant que cette vague
du S. E. s’est glissée sous le cap glacé pour arriver jusqu’à
nous.
Il nous est impossible de voir la terre dans cet immense pla-
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