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emportés. Jusqu’à minuit, nous ciïmes une véiitable tempête et
nous éprouvâmes de vives inquiétudes, pouvant, à chaque instant
, malgré toute notre surveillance , rencontrer quelque montagne
de glace dont le choc eût inévitablement amené notre perte.
Les rafales perdirent enfin de leur violence; le vent, quoique
continuant à souffler avec beaucoup de force, devint plus régulier,
et nous pûmes, après avoir viré de bord à minuit et demi,
mettre la misaine et travailler à enverguer une autre grande voile,
qui se trouva établie le a5 de très-bonne heure. La bourrasque
avait alors beaucoup diminué; le ciel était moins sombre, et l’horizon
plus dégagé permettait de voir à deux ou trois milles ;
néanmoins, nous ne pûmes découvrir X Astrolabe, qui devait avoir
sur notre compte les mêmes inquiétudes que nous avions sur elle.
Nos bommes avaient cruellement souffert la nuit précédente , et
quelques-uns de nos meilleurs matelots s’étaient même vus forcés
de renoncer au travail, épuisés de fatigue, saisis par le froid, ne
trouvant plus rien en eux , malgré tous leurs efforts , qui pût
seconder leur courage et leur bonne volonté. Si le coup de vent
eût duré quelques heures de plus, tious eussions fini par nous
trouver dans une position très-critique ; les lu’as nous auraient
manqué et nos voiles n’eussent pu résister aussi longtemps à
d’aussi violentes attaques. Heureusement le ciel continua à s’em-
bellir, le temps devint maniable, et nous pûmes, dans la journée,
regagner le terrain que nous avions perdu.
A cinq heures et demie du soir, j’éprouvai une grande satisfaction
lorsqu’on vint m’annoncer que l’on voyait XAstrolabe ; je
montai de suite sur le pont, et je la vis coxirant grand laj’gue,pour
nous rallier. Elle avait réussi à s’élever plus au veut que nous.
Peu à peu nous la rejoignîmes, et nous nous retrouvâmes à notre
poste accoutumé, à petite distance d’elle. Après quelques heures
de calme, la brise passa à l’ouest et au S. O. vers minuit.
Nous courûmes à l’est jusqu’à sept heures du matin; nous
vînmes alors au S. S. 0 . Le temps était magnifique et la mer
presque entièrement tombée, Nous pi’ofitâmes de cette circonstance
pour réparer quelques avaries et enverguer nos trois
huniers de rechange. A midi, les observations nous placèrent par
65° 54’ 5 i ” lat. sud, et i36° 2 1 ’ 45” long, orientale; la longitude,
par les distances, fut trouvée, au même instant, de i36° 33’.
Nous avions été grandement portés dans l’ouest pendant le dernier
coup de vent.
Dans la soirée, nous prolongeâmes au vent une longue bande
de gros glaçons, peu éloignés les uns des auti'es; pendant la
n u it , nous manoeuvrâmes presque constamment pour nous dégager
de cette masse épaisse , lofant pour les uns et arrivant souvent
presque plat vent arrière pour en éviter d’autres. La partie
de l’boi'izou où se trouvait la terre était bien éclairée, et nous
l’apercevions disliiictement et bien dessinée.
Le 2 7 , sur les quatre heures du malin, notre horizon s’assombrit
de nouveau, et tout nous annonça un changement dans la brise
avec un retour de mauvais temps ; bientôt la neige commença à
tomber, l’horizon devint brumeux, le vent passa à l’E. S. E .,
en fraîchissant rapidement; nous étions heureusement en dehors
de la ligne des montagnes de glace, et nous pûmes courir au
N. N. O. sous la misaine et les deux huniers avec deux l’is. La
route que nous suivions était néanmoins très douteuse quant à
la direction ; car, depuis que nous étions dans le voisinage du
méridien magnétique, nos compas n’indiquaient rien de positif,
e t, depuis quelques jours, nous profilions de toutes les
circonstances possibles pour observer des azimuths et suppléer
ainsi â leurs variations. Pendant la n u it, la force du vent diminua,
mais la neige ne cessa de tomber; la mer était très-grosse et très-
fatigante, Notre horizon Irès-rapproché nous soumettait à une
surveillance continuelle pour ne pas perdre de vue XAstrolabe,
qui naviguait à moins de deux longueurs de navire devant
nous.
A six heures du malin, la brise ayant varié au S. O., le ciel se
dégagea sensiblement, et à neuf heures nous prîmes le plus près
tribord amures. A midi, nous étions par 64’' lo ’ lat. S, et i34'“ 5j'
long. E. Ce temps passable ne fut pas de longue durée; car,
vers le soir, la neige revint de nouveau, par grains épais, le vent
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