valides de la Zélée. Le capitaine Jacquinot, après
avoir séjourné deux mois à Hobart-Town, pour
donner aux malades le temps de se rétablir, devait
conduire sa corvette dans un des ports des îles
Auckland ou de la Nouvelle-Zélande, et là opérer sa
jonction avec VAstrolabe au retour de l’exploration
des glaces. Cette résolulion parut contrarier
vivement M. Jacquinot. Son zèle courageux se
révoltait à l’idée de ne pas prendre part à une des
plus glorieuses, comme aussi des plus dangereuses
parties de la mission. Il était surtout pénible pour
lui et pour moi de voir q ue, pour la première fois,
nous devions nous séparer au moment où nous allions
avoir le plus besoin de nous trouver réunis.
Aussi le capitaine Jacquinot mit tant d’insistance à ne
pas abandonner X Astrolabe, que je lui promis de laisser
à la Zélée toute facilité de nous suivre au moment
du départ, si d’ici là les malades sortis de l’hôpital
et les matelots que nous pourrions enrôler sur
la place, parvenaient à compléter nos équipages.
Toutefois, il fut convenu entre nous que MM. Coupvent
, enseigne de vaisseau , et Boyer, élève de première
classe remplissant les fonctions d’ofticier,
passeraient à bord de Y Astrolabe, dont l’état-major
se réduisait alors à MM. Roquemaurel et Duroch. La
mort nous avait en effet enlevé MM. Marescot et
Gourdin. M. Demas était malade et, suivant toute
probabilité, il n’aurait pas pu supporter une navigation
aussi pénible que celle que nous allions entreprendre.
Enfin, parmi les élèves, il ne nous loestait
plus que M. Gervaize. Il fut en outre convenu entre
M. Jacquinot et moi que, dans le cas où la Zélée serait
obligée de rester à Hobart-Town, M. Tardy de
Montravel ferait partie de l’état-major de Y Astrolabe,
pendant le temps seulement de la séparation des
deux navires.
Aussitôt que nous eûmes regagné le bord, M. Jacquinot
et moi nous fîmes part aux officiers de la Zélée
de cette détermination ; l’enthousiasme que MM. de
Montravel, Coupvent et Boyer laissèrent éclater à
cette nouvelle, et la peine quelle causa à M. Dubouzet,
me prouvèrent, mieux encore que les lettres que
ces officiers m’avaient adressées, combien, dans la
journée du 6 octobre, M. Le Guillou avait été coupable
en faisant auprès de moi une démarche à laquelle il
n’était pas autorisé et qui un instant avait pu me faire
douter du zèle et du dévouement de ces officiers. Dès
ce moment, M. Dubouzet ne prit plus un seul instant
de repos jusqu’à ce que la corvette la Zélée, dont il
était le second, eût complété son équipage et eût fait
toutes les réparations nécessaires pour être prête à
mettre sous voile au moment de noti e appareillage.
Ce n’était, en effet, qu’à ces seules conditions que je
pouvais consentir à ce qu’elle vînt avec nous partager
les dangers de notre navigation polaire.
Dès la veille, M. Ducorps avait trouvé et arrêté un
local pour y déposer nos malades; il ffdlut encore la
journée presque entière, pour y préparer des lils et y
transporter nos hommes, dont plusieurs étaient dans
un état alarmant. La direction de l’hôpital fut confiée