;•
ti
par (les terrains d’alUivions, sur lesquels s’élèvent
des arbres d’une grande hauteur, mais dont le pied
est ordinairement baigné par les eaux. Les détritus
végétaux accumulés sur un sol vaseux doivent se
décomposer rapidement sous l’influence d’une chaleur
qui atteint presque toujours 30 degrés du thermomètre
centigrade, et répandre dans l’atmosphère
des miasmes délétères, funestes à la santé des marins.
C’était pour cette raison que je redoutais constamment,
à chaque nouvelle relâche de l’expédition
, de voir la fièvre ou la dyssenterie , ces
terribles fléaux des pays tropicaux , assaillir nos
équipages et renouveler les scènes de deuil et de
mort auxquelles j’avais assisté dans mon précédent
voyage, à la suite d’un séjour de moins d’un mois sur
les rivages de l’île Vanikoro. Il avait fallu des calmes
aussi constants que ceux que nous avions rencontrés
en quittant Samboangan et les courants rapides qui
ensuite nous emportèrent malgré nous dans le sud,
pour me faire renoncer au projet de rentrer dans
l’océan Pacifique, en quittant les Philippines, et pour
me ramener, malgré ma répugnance, dans ces parages
dangereux. Les contrariétés que nous rencontrâmes
ensuite dans le détroit de Makassar, la proximité
de sterres bordées, comme celles de Pamarong, de
vases et d’arbres en décomposition, enfin les chaleurs
excessives que nous y éprouvâmes, accompagnées de
pluies abondantes qui entretiennent toujours une humidité
malfaisante, toutes ces causes avaient fait naître
mes craintes, et j’eusse alors fui la côte javanaise, si
nous n avions pas senti le besoin impérieux de refaire i839.
des vivres et de réparer nos navires, avant d’entre-
prendre la longue traversée par laquelle nous devions
gagner le climat plus tempéré d’Hobart-Town. Enquit- ”
tant Samarang, je me félicitai sincèrement de voir nos
marins pleins de courage et de santé. Je croyais alors
avoir échappé à l’influence funeste de ces mers, j’étais
loin de m’attendre que quelques jours plus tard, sur
une côte comme celle de la baie des Lampongs, paraissant
réunir toutes les conditions d’une salubrité parfaite,
je serais obligé de fuir devant le fléau des maladies,
en emportant avec nous le germe de ces terribles
épidémies qui frappent indistinctement sur
tous les hommes d’un équipage, quels que soient leur
âge et leur position. Au moment où nous remîmes à
la voile, rien ne présageait encore les dangers dont
nous étions menacés. La Zélée comptait, comme
nous, sur les cadres, quelques hommes atteints par
les fièvres et la dyssenterie, mais aucun d’eux ne présentait
des symptômes graves pouvant faire craindre
pour leur vie, et nous étions alors tous intimement
convaincus que ces maladies disparaîtraient bien vite,
lorsque nous aurions atteint la température favorable
des latitudes plus élevées.
Mon impatience à m’éloigner de la côte fut d’abord
mal secondée par les vents. Une faible brise du S. 0 .
nous permit à peine de nous approcher de la ligne
formée par les îles Poiilo-Tiga et Saradang, et nous
ne pûmes dépasser celle-ci que vers sept heures
du soir. Celle circonstance permit aux naturels de