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avoir pris pour ses conserves; nous crûmes qu’il voulait communiquer
avec nous. Nous mîmes aussi les couleurs en serrant le
vent ; mais bientôt après il reprit sa route vent arrière au S. S. O.
Cette rencontre si singulière de deux expéditions différentes ,
dans des parages où on n’était jamais venu avant n ou s, donna
lieu à bord à mille conjectures.
Le vent reprit à l’E. S. E. pendant la nuit, nous courûmes à
rO. N. O. Il fraîchit beaucoup et la neige vint encore obscurcir
l’horizon ; à cinq heures du matin, nous fîmes route de nouveau
vers le sud. A sept heures et demie, nos vigies signalèrent la terre;
mais en approchant nous vîmes, au lieu d’elle, une grande côte de
glace qui se prolongeait dans l’ouest autant que la vue pouvait
s’étendre; nous suivîmes toute la journée cette côte à une distance
de 2 à 3 milles : elle élait partout uniforme et se terminait par des
falaises verticales de 3o mètres d’élévation; on voyait à sou approche
beaucoup de petites îles flottantes comme sur les côtes, et elle
offrait exactement l’aspect des glaces qui terminent toutes les parties
peu saillantes des côtes dans ces parages. Nous la suivîmes
ainsi jusqu’au soir l’espace de 20 lieues, d’assez près pour voir
qu’elle élait toujours continue, ce qui nous fît supposer qu’elle
était soudée à la terre, qui était à une certaine distance dans le sud;
mais rien n’indiquait celle-ci , et malgré toute l’attention qu’on y
prêta, on ne put découvrir derrière ni montagnes, ni terre. Tout
nous fit croire cependant que cette masse énorme de glaces devait
avoir pour noyau des terres , et n’était point une île errante , car
sa grandeur dépassait tout ce qu’on a vu jusqu’à ce jour. Nous
aurions bien voulu pouvoir éclaircir ee fait, mais les circonstances
ne le permettaient pas.
Pendant la n u it, qui commençait à être sensible , tant les jours
décroissent vite sous cette latitude, nous courûmes au S. O. et
au S. S. O. ; nous laissâmes dans le S. E. une immense quantité
d’îles de glace de la plus grande dimension , et des lueurs auxquelles
on ne se trompe guère annonçaient l’approche de la banquise.
Notre séjour dans la zone glaciale avait été court, mais on ne
peut mieux employé , car non-seulement nous avions découvert
une grande terre, et complété cette découverte en débarquant
dessus, ce qu’on ne peut pas toujours espérer sous celte zone, où
les terres sont ensevelies , même au coeur de l’été, sous d’épaisses
couches de glaces et de neige, et où la fréquence des coups de vent
rend si difficile de se maintenir près d’elles ; de plus, on avait fait
assez d’observations à l’est et à l’ouest du méridien magnétique,
pour déterminer la position du pôle magnétique austral, avec une
exactitude bien supérieure à celle qu’on avait eue jusqu’à ce jour ;
et si nous n’avions pas élé jusqu’à un point où l’aiguille prend
une direction verticale, la terre seule que nous avions rencontrée
nous avait arrêtés; sa nature, nous pouvons l ’avancer, s’opposera
toujours aux tentatives de ceux qui voudraient pénétrer
jusqu’à ce point mystérieux, et sera pour eux un obstacle invincible.
Après d’aussi beureux résultats , nous dîmes adieu sans
regret a cette vilaine zone. Nous avions à bord deux hommes encore
gravement malades de la dyssenterie depuis notre départ ; et
leur état commençait à nous donner de vives inquiétudes. Les
autres, grâce aux rafraîchissements que nous avions embarqués,
continuaient à bien se porter. (A/. Dubouzet.)
Note 22, page 186.
Le 2 4 , à quatre heures du matin, le temps se couvre, la
brise fraîchit du S. E. Nous commencions à sentir la houle
de l’est. Nous courons au plus pi'ès tribord amures, cap au
N. E. pour doubler la banquise, dont la pointe extrême supposée
doit nous rester vers le nord à environ 6 milles de distance.
Tous nos compas sont affolés et n’indiquent le cap du navire
que très-imparfaitement. Cette aberration des aiguilles est due au
voisinage du pôle magnétique , à la grande inclinaison que l’aiguille
tend à prendre, et à l’influence du fer du navire ; on essaye
vainement de balancer cette force d’inclinaison par un poids additionnel
établi sur l’aiguille. Celle-ci n’en acquiert pas un sur