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coup ilafil aussi agréable que varié; des montagnes ('levées
accidentent le terrain et le creusent en vallées, mais une épaisse
coucbe de verdure cache le sol et en voile les aspérités. Cet
endroit est nommé par les indigènes Lampoung, je n’ai pas pu démêler
si ce nom désigne le village, la b a ie , ou la population
qui l’habite.
Le village n’est pas considérable; il se compose d’une soixantaine
de cases au plus. Elles sont grandes, assez propres à l’extérieur,
et leur toiture , terminée par des sommets aigus, ressemble
beaucoup à celle des habitations de Samboangan. Près de ces
maisons, on voit de petits édifices faits avec soin, élevés au-dessus
tlu sol sur des poteaux ou des pierres qui les préservent de l’hu -
midité. Ce sont des magasins où l’on conserve le poivre, principale
production du pays ; c’est là où s’accumulent les récoltes ( t
où les navires qui font la traite de cette denrée puisent à la longue
leurs chargements. Dès notre arrivée, les indigènes, se mé[)re-
nant sans doute sur le but de notre nJacbe , vinrent en ibule ,
dans leurs pirogues, nous ofïrir à bord la vente de peliis
paquets de poivre : c’étaient probablement autant d’échantillons
qu’ils voulaient nous présenter. Ils furent fort désappointés de
nos refus, et se seraient retù’és les mains vid(^s s’ils n’avaient
en même temps apporté diverses pi’ovisions, des fruits, des
poules, divers oiseaux, des coquilles et autres menus objets.
Quoique cette rade soit fréquentée par les navires, nos objets
d’échange firent fureui-; les indigènes les préféraient à l’argent
monnoyé. Ils nous montrèrent divers instruments de ih-
brique anglaise, et même ils avaient retenu quelques mots do
celte langue, qu'ils répétaient souvent pour se faire bien venir de
nous.
Celle population n’offre rien de bien remarquable à nos yeux ;
elle présente le type malais sans différence appréciable. La
couleur de la peau de ces hommes est peut-être un peu moins
(bncée que celle des Bouguis, et il m’a paru qu’ils se rapprochaient
de l’aspect des habitants de Solo plus que de touü?
autre peuplade malaise que nous ayioiis visitée. Leur costume
es t celui des Bouguis ; il est formé d’un simple caletîon Ibrt court,
d’une écharpe et d’un mouchoir pour coiffure. Les membres
des jeunes gens sont arrondis , potelés , sans saillies musculaires
fortement accusées et bien pi’oportionnés. Avec l’âge, cette apparence
change; les signes d’une décrépitude précoce se remarquent
sur des hommes jeunes encore. Je n’ai vu qu’une ou deux
i'emmes ; elles n’avaient pour tout vêtement qu’un sarong, el
marchaient la poitrine nue. Elles fuyaient notre présence; notre
arrivée avait sans doute occasionné leur réclusion dans l’intérieur
des cases , qui étaient toutes hermétiquement closes. Nous
évitâmes avec soin tout ce qui aurait pu porter ombrage à leur
méfiance.
Un joli ruisseau serpente près du village; son cours sinueux
arrose une grande plaine cultivée et semée de riz. Celte eau limpide
offre de charmants endroits pour se baigner. Un sentier
assez battu suit quelque temps ses bords, et conduit à un second
village placé dans l’intérieur, sur une éminence, à quelques minutes
de la mer. Il était désert quand nous y passâmes ; les
hommes s’étaient sans doute rendus à bord des corvettes, el les
femmes s’étaient cachées avec leur progéniture. Nous remarquâmes
en passant, sur des espèces de petits établis, des instruments
de travail propres aux orfèvres; ces hommes s’adonnent
fort probablement, à celte industrie, du reste assez répandue dans
les pays malais.
Une autre industrie des indigènes consiste à fabriquer des
modèles de praous. Ces objets sont fort bien faits , très-exacts el
très-curieux ; on les obtient à très-bas prix. Un mauvais foulard
rouge, un mouchoir de coton aux couleurs vives, suffisent
pour opérer l’échange. Ce talent de construction paraît généi’al ;
le nombre de ces objets était considérable; ils nous étaient
offerts de toutes parts : j’en ai compté plus de vingt rassemblés autour
de moi. Les seules armes de ces bommesque nous ayons vues,
se réduisent à de petits poignards droits ou recourbés qu’ils cachent
dans les rouleaux de leur longue chevelure. Cet usage paraît
leur être particulier. Ils possèdent aussi des couteaux à
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