1839.
Décciiibrc.
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àM. Homlii'oii. MM. Diimouiicr, Le Guillou, Jacquinot
(Honoré) et Lebreton durent se partager le service de
la rade et en môme temps celui de l’hôpital. Mais plus
lard, je fus obligé d’interdire positivement à M. Le
Guillou de se mêler en rien des affaires de l’hôpital.
Depuis longtemps les averlissemenis étaienl devenus
inutiles et j’aurais peut-être dû commencer à sévir
contre ce chirurgien dont, comme on l’a vu déjà, les
malades eux-mêmes récusaient les soins. Mais d’un
autre côté , je savais que dans les navigations aussi
longues et aussi pénibles que la nôtre, les privations
agissent souvent sur les caractères les mieux faits;
aussi j’étais porté à l’indulgence ; la suite m’a prouvé
qu’avec im pareil homme ma bienveillance devait
m’attirer de nombreux désagréments *.
Pendant toute la journée du 13, je ne quittai point
le bord ; j’avais besoin de donner des ordres pour
activer les réparations de la corvette, qu’on ne pouvait
commencer qu’après le départ des malades. Je
reçus de nombreuses visites ; tons les habitants de
la colonie connaissaient déjà la i)Osilion désastreuse
dans laquelle nous nous trouvions, et ils
nous témoignaient un intérêt des plus marqués. Le
lendemain était un dimanche. On sait avec quel res-
’ Je me suis cru dans l’obligation de ne pas passer sous silence
ce fait personnel à M. Le Guillou; il explique suffisamment la
lettre autographe de M. d’Urville publiée par M. Le Guillou,
dans l’intention évidente de justifier l’attaque violente que ce
chirurgien à dirigée d’une manière peu loyale contre la mémoire
de son commandant quelques jours seulement après sa mort et
lors([u’il pensait ne plus devoir le craindre. V. U.
pcct religieux les Anglais observent ie repos ordonné
pour ce saint jour ; je me conformai avec d’autant
plus de plaisir aux usages du pays, que nos
équipages avaient grand besoin de se remettre de leurs
fatigues. Les hommes purent aller librement à terre ;
mais je m’aperçus bientôt que, malgré l’état de délabrement
où se trouvait leur santé, la liberté dont ils
jouissaient pour parcourir la ville, pourrait leur devenir
plus funeste qu’avantageuse, à cause des nombreux
cabarets qu’elle renferme et auxquels nos marins
faisaient de trop fréquentes visites.
Les travaux du bord ne commencèrent bien réellement
que le lundi 15 décembre; ils avaient pour but
de repeindre en entier le navire, tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur, afin de le purifier et de détruire rôdeur
pestilentielle que nos malades avaient laissée après
eux. Tout le gréement devait, en outre, être revu en
détail ; enfin, il fallait réparer nos voiles ainsi que
notre gouvernail, qui fut envoyé à terre à cet effet.
Nos équipages étaient si faibles, ils comptaient si peu
d’hommes valides, qu’il était à craindre que ces travaux
ne pussent être terminés avant la fin du mois.
Les retards que nous avions éprouvées dans notre
dernière traversée ne me laissaient plus la facilité
d’allonger le temps de la relâche à Hobart-Town. Il
était nécessaire que nous fussions sous voile le U' jaii-
vier de l’année 1840, afin de pouvoir disposer de
toute la saison favorable pour entrer dans les glaces;
il fallait toute l’activité que déploya dans cette
occasion le second de l’d.9/ro/«ê(’, M. Roquemaurel,
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