1839.
Scplciiibro. Celle affaire une fois terminée , nous quittâmes le
bord, et nous nous dirigeâmes sur la ville. Peu de
temps après, nous franchissions la barre de la rivière
, puis nous nous avançâmes entre les deux quais
qui resserrent son lit ; il nous fallut parcourir près
de deux_; milles avant d’atteindre les bureaux de la
n. cxLvu. direction du port, près desquels se trouve le débarcadère.
Les habitations qui sont le plus rapprochées du
rivage, sont celles des Malais. C’est là où commence
réellement la ville. C’est là aussi où la douane
a établi ses lignes; elle occupe, sur la rive droite de la
rivière, un bâtiment considérable, approprié au but
auquel il est destiné, et près duquel nous établîmes
notre observatoire. Les officiers chargés de régler
nos chronomètres en fixèrent la position. Le terrain
compris entre ce bâtiment et le rivage est occupé
par des marécages. Il est peu habité. Il est probable
que les exhalaisons méphitiques qui s’en échappent
seraient funestes aux habitants qui viendraient s’y
fixer.
Aussitôt après avoir dépassé le bâtiment de la
douane, le lit de la rivière apparaît comme une ville
flottante, habitée par les pêcheurs malais qui vivent
Pl. cxLVIII. avec leurs familles sur les praos. Les deux côtés sont
occupés par une ligne de ces grands bateaux, qui
rétrécissent beaucoup le passage. Le quartier malais
s étend aussi des deux côtés de la rivière. Les maisons
sont bâties sur les bords mêmes du rivage. Généralement
elles sont garnies de galeries en bois qui
s avancent au-dessus des eaux et produisent un effet
des plus pittoresques. Ce quartier, très-populeux, est
rempli de boutiques et d’ateliers ; la rivière le traverse
dans toute sa longueur, en remontant son cours, on
rencontre un pont en pierre, qui paraît être solidement
établi. Là, son lit s’élargit considérablement ;
sur sa rive gauche, on découvre une vaste place,
sur laquelle débouche la roule de Batavia. Cette
route est une magnifique avenue large et bien ombragée
par de beaux arbres touffus , plantés sur
ses côtés.
Comme je fai déjà dit, nous débarquâmes au bureau
de la direction du port; nous y trouvâmes une
très-belle voiture attelée de quatre chevaux qui
nous attendait : elle appartenait à M. Tissot. Il nous
fallut peu de temps pour traverser la ville dans cet
équipage ; elle nous parut bien bâtie ; ses rues étaient
larges et spacieuses. De beaux magasins laissaient
voir, dans leurs étalages, les productions diverses
de l’Europe, de la Chine et du Japon. Comme à Batavia,
les négociants fortunés n’y ont point leur résidence
habituelle ; ils se contentent d’y tenir leurs
bureaux et leurs magasins. Chaque soir, ils se rendent
à leur maison de campagne, où ils rejoignent leur famille.
C’est surtout près de la roule qui conduit à Batavia
que s’élèvent en grand nombre ces vastes et
belles maisons de campagne construites avec un luxe
tout asiatique, et où f on trouve toutes les jouissances
de la vie. Je ne pouvais me lasser d’admirer ces magnifiques
habilalions avec leurs jardins où s’étalait
la luxurieuse végétation des tropiques. Toutes ces