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i- . Dtambre. “ r è ® *“*■ ses parents et ses
amis puissent venir de temps en temps laisser couler
leurs larmes*. »
Le 1“'^ décembre, Y Astrolabe éprouvait une nouvelle
perte ; le nommé Raymond de Nogaret, matelot,
succomba à la maladie. Ce jeune homme, de bonne
famille n’avait entrepris une navigation aussi pénible
que pour pouvoir plus tard commander un navire du
commerce. La mort vint le frapper au moment où il
faisait les plus beaux rêves pour l’avenir.
M. Gourdin était alors dans un état qui ne laissait
plus d’espoir. Cependant les vents qui nous poussaient
rapidement vers Hobart-Town avaient fait revivre
quelque espérance d’arriver à temps sur les
côtes de la Tasmanie. Mais, bien que nos corvettes
filassent presque constamment sept noeuds à l’heure,
cet infortuné ne devait jamais revoir la terre ; il s’éteignit
dans la nuit du 7 au 8 décembre, à trois heures
du matin. C’était l’officier le plus jeune de l’expédition
; il semblait devoir résister plus que tous les
autres au fléau qui nous décimait. Sa mort fit une
impression profonde ; comme celle de M. Marescot,
elle répandit sur Y Astrolabe un deuil général **. Marescot,
Lafarge, Gourdin, et peut-être Goupil, votre
perte sera vivement sentie par tous vos compagnons
de voyage qui étaient devenus vos amis ; mais elle
laissera aussi un grand vide dans l’expédition à la-
* Sa biographie est à la fin de ce volume.
Ibid.
quelle VOUS avez pris part, et dont votre zèle et votre
dévouement étaient si capables d’assurer le succès.
Le lendemain, quelques instants de calme nous
permirent de communiquer avec la Zélée. Ce bâtiment
ne comptait plus depuis longtemps de nouveaux
malades ; mais, comme à bord de Y Astrolabe, aucun
des hommes atteints par l’épidémie n’avait pu encore
recouvrer la santé. Le 11 décembre, au moment où
la vigie annonçait enfin que l’on apercevait la terre
qui se trouvait à une distance de 36 milles dans le
nord-est, la Zélée envoyait encore à la mer le corps
du nommé Loupy, « brave et excellent matelot, dit
M. Dubouzet, qui mourut avec un courage et une
résignation fort rares, et qui eussent suffi pour rendre
sa mort sensible à tout le monde, si chacun n’avait
apprécié depuis longtemps ce qu’on pouvait attendre
d’un homme aussi dévoué. »
Enfin, nous revoyons la terre, cette terre de la
Tasmanie si vivement désirée, quoique couverte par
une végétation triste qui lui donne un air si désolé.
Au point du jour, nous sommes à l’entrée de la Raie
des Tempêtes; favorisés par une belle brise, nous la
traversons rapidement, en longeant la côte orientale
de l’île Rruny, puis à l’entrée de la rivière Derwent,
les pilotes viennent nous guider dans son lit sinueux.
A une heure de l’après-midi, nous laissons tomber
l ’ancre sur la rade de Hobart-Town, par le travers
de la batterie Mulgrave, à moins de deux encâblures
de la côte. Nous venions de subir l’époque la plus
désastreuse de l’expédition. Notre traversée de Su-
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