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doute sur la réalité de notre découverte, il ne me
restait plus qu’à en étendre la reconnaissance aussi
loin que possible. Le temps semblait se prêter favorablement
à cette navigation difficile. Les vents étaient
à l’est, et nous poussaient lentement dans l’ouest.
Jusque-là et pendant tout le temps où des doutes
avaient pu exister, je n’avais point voulu donner
de nom à cette découverte, mais au retour de nos
canots, je lui imposai celui de terre Adélie. Le cap le
plus saillant que nous avions aperçu dans la matinée,
au moment où nous cherchions à nous rapprocher
de la terre, reçut le nom de cap de la Découverte. La
pointe près de laquelle nos embarcations prirent terre,
et où elles purent recueillir les échantillons géologiques,
fut appelée pointe Géologie*.
* Notes i5 , 16, 1 7 , i 8 et 1 9 .
AU POLE SUD. 155
CHAPITRE LX.
Reconnaissance de la terre Adélie. — Navigation le long de la
banquise. — Reconnaissance de la côte Clarie. — Retour des
corvettes à Hobart-Town.
Les nuits étaient devenues tellement courtes que ce
fut à peine si nous perdîmes de vue la terre après le
coucher du soleil. Aune heure du matin, nous en apercevions
de nouveau tous les détails. La brise était si
faible, que nous avions à peine bougé de place. Cependant,
vers neuf heures, nous étions arrivés par le
travers d’une vaste baie entièrement ouverte. Là, la
croûte de glace qui recouvrait le sol paraissait sillonnée
dans tous les sens par des ravins profonds qui
me firent donner à la baie le nom de baie des Ravins.
Déjà nous avions pu remarquer, avant d’arriver au
cap Pépin, de semblables découpures, mais, au fond
de la baie, les glaces qui recouvraient le terr ain paraissaient
tellement tourmentées, que l’on eût dit
qu’elles avaient été jetées en blocs énormes sur le sol,
comme souvent on le remarque dans les terrains vol-
1840.
22 Janvier.