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Je ne m’étendrai pas sur la manière dont ces blocs
de glace, une fois séparés de la masse où ils avaient
pris racine, se trouvent entraînés au large soit par
les vents, soit par les courants, pour ensuite se fractionner
sous les efforts de la mer et l’effet du dégel
occasionné par la chaleur.
Il n’est pas possible d’admettre que les barrières
de glace qui se forment autour des terres sont constantes
, qu’elles ne sont jamais entièrement détruites
pendant les saisons d’été, car s’il en était ainsi, ces
barrières atteindraient nécessairement des hauteurs
de plus en plus grandes, des dimensions illimitées,
et dès lors le calcul nous conduirait à des résultats
absurdes; cependant, cette hypothèse a été admise
et soutenue, mais, suivant nous, sans succès. D’un
autre côté, il n’est pas non plus admissible que
chaque été amène la destruction complète des glaces
formées pendant l’hiver, mais il doit arriver que les
zones glaciales sont de distance en distance soumises
à l’action de saisons favorables qui les débarrassent
partiellement de leur croûte glacée. Ainsi, la terre
Victoria, dont l’heureux capitaine Ross a pu faire
la découverte, restera-t-elle peut-être à présent longtemps
ensevelie sous une barrière de glace formidable.
Les banquises, comme l’a admis Dumont-d’Urville,
sont formées, suivant notre opinion, par une agglomération
de glaçons flottants, poussés dans une même
direction soit par le vent, soit par les courants. Sur
leur route, ces glaçons rencontrent des montagnes
de glace flotlantes qui présentent un oblacle suffisant
pour les arrêter. Et alors, comme le dit Dumont-d’Urville
, ces glaçons se brisent, s’empilent de manière à
présenter ces scènes de confusion, vraies images du
chaos, qui nous ont si vivement frappés. En outre,
lorsqu’une gelée tardive et subite vient agir sur eux,
tous ces glaçons se soudent entre eux et forment une
masse compacte et presque toujours impénétrable.
Nous n’avons jamais vu de banquises qui n’aient présenté
un aspect semblable et qui annonce si bien la
manière dont elles sont formées. Si on admet cette
explication, il faudra admettre à bien plus forte raison
que ces banquises qui, je le répète, dans mon
opinion, sont les seules qui puissent exister en pleine
mer et très-loin des terres, doivent se briser facilement
sous l’influence de la chaleur, et même se disperser
sous l’action des vents et des courants. Alors
on comprendra comment, dans une saison favorable,
le capitaine Weddell a pu facilement pénétrer
vers le sud, là où nous avons rencontré partout des
banquises infranchissables, car il eût suffi de quelques
jours de chaleur pour désouder toutes les banquises
que nous avons rencontré sur sa route, et ensuite les
vents de sud venant à souffler avec force, la mer aurait
pu se trouver entièrement dégagée.
Quoi qu’il en soit de cette explication, nous concluons
que les barrières de glace présentent toujours
un obstacle insurmontable, mais que les banquises
doivent être plus ou moins formidables, suivant lé -
paisseur des glaces qui les forment. Les banquises