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valions, dont la cause nous restait cachée, car, à côté de ces déchirures,
d’autres îles de glace, d’autres espaces très-grands sur
la terre, restaient lisses et u n is .
A six heures moins un qua rt, nous mîmes en panne pour
permettre à MM. Dumoulin et Coupvent de se l’endre sur
une glace voisine, qui paraissait accessible et où ils devaient exécuter
des observations magnétiqnes. Nous avions alors presque
perdu l’espoir de découvrir un point dénudé de la côte, sur laquelle
tous les yeux promenaient un regard désappointé. Nous
vîmes nos observateurs débarquer et installer leurs instruments,
puis un des canotiers prendre le pavillon du canot et le planter
sur la pente de cette île de glace. C’était une prise de possession
qu’il venait de simuler et qui ajouta au regret que nous éprouvions
de ne pas posséder un témoignage palpable de notre découverte.
Le commandant et quelques officiers, postés sur la dunette,
ne cessaient d’observer les accidents de cette côle glacée,
lorsque tout à coup M. Duroch crut voir dans le champ de sa
lunette une tache noire. Aussitôt toutes les longues-vues furent
braquées dans cette direction : la tache avait disparu , et déjà
on l’attribuait à une illusion d’optique , lorsqu’au bout de quelques
instants elle reparut. Près d’elle une autre tache se montra,
puis elles s’agrandirent toutes deux. Il n’y avait plüs de
doute ; c’était la terre dénudée que nous appelions de tous nos
désirs.......
Aussitôt, malgré le danger qu’il y avait à envoyer une embarcation
à une aussi grande distance du navire , dans des parages
où les brumes instantanées et les vents impétueux naissent
brusquement, et où tant de circonstances pouvaient amener
la perte ou nécessiter l’abandon d’une embarcation, l’ordre
fut donné de mettre le canot-major à la mer. MM. Duroch, D u moutier
et Lebreton reçurent l’autorisation , enviée de tous, de
s’y embarquer ; bientôt ils s’éloignèrent de toute la vitesse que
les bras des matelots enthousiasmés pouvaient imprimer aux
avirons. En même temps , la Zélée demanda par un signal
à communiquer comme nous avec la terre : celte autorisaüon
lui fut accordée; nous vîmes AL Dubouzet, accompagné
d’un autre officier, s’élancer dans une yole sur les traces de notre
canot-major. Les deux embarcations luttèrent de vitesse et d’ardeur
; nous les perdîmes plusieurs fois de vue ; enfin elles nous
parurent, au bout d’un temps assez long, avoir atteint la terre ,
dont nous nous étions nous-mêmes un peu rapprochés.
Heureusement le temps fut d ’une pureté admirable pendant
l’absence de nos embarcations. La baleinière ramena, à neuf
heures, MM. Dumoulin et Coupvent, qui avaient achevé,
malgré un froid intense, les observations importantes qui devaient
servir à déterminer la position du pôle magnétique. A
dix heures et demie, le canot-major rejoignit aussi le bord;
son équipage harassé, nos officiers transis de froid, se hâtèrent
cependant de nous raconter les événements de celte excursion......
Un chargement de fragments de rochers arrachés au rivage ,
et quelques manchots d une espèce différente de ceux que nous
avions déjà recueillis, encombraient le fond du cano-tmajor. Un de
ces manchots était vivant ; on le laissa errer en liberté sur le
pont, où sa démarche grotesque excita plus d’une fois l’hilarité
générale. Un plaisant de l’équipage le baptisa d’un sobriquet qui
lui resta ; ensuite il le prit à part pour le féliciter gravement
du bonheur qui lui était advenu de faire connaissance avec
des hommes, el lui annonça les honneurs réservés à sa dépouille
, destinée à figurer au palais du Jardin des plantes de
Paris......
Aussitôt après le retour de nos embarcations, nous fîmes de la
toile. Les fragments de rocher apportés par le canot-major furent
remis entre les mains du docteur, qui eut fort à faire pendant
la soirée pour satisfaire aux demandes de tous les membi es
de l’équipage. Chacun d’eux sollicitait le don d’une parcelle de
ce granit, preuve matérielle , palpable , irrécusable de notre découverte,
à laquelle le commandant d’Urville imposa le nom de
Terre Adélie......
L’équipage mon Ira une nouvelle fois, dans celle circonstance, à
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