live de débarquement; mais ce fut inutilement.
Je jugeai alors que notre tâcbe était remplie.
Astrolabe et la Zélée pouvaient se retirer de la
lice, après avoir fourni pour leur part un contingent
honorable à la géographie et à la physique.
Sans contredit, il n’eût pas été impossible de pousser
plus loin à l’ouest, d’y tracer une plus grande
étendue de la banquise, peut-être même d’y retrouver
la terre. Car je pense qu’elle environne la majeure
partie du cercle polaire et qu’elle finira toujours
par se montrer aux yeux du navigateur assez
heureux ou assez téméraire pour franchir les masses
de glace accumulées qui la ceignent d’ordinaire,
à moins toutefois qu’une banquise rebelle et insurmontable
ne vienne frustrer ses efforts ; mais je pris
en considération l’état des équipages, celui de la
Zélée surtout, bien plus affligeant encore que celui de
VAstrolabe. Je pensai qu’il y aurait de la cruauté à
abuser de leur courage et de la confiance qu’ils m’avaient
témoignée en me suivant jusqu’ici sans murmurer.
Je réfléchis que des travaux importants et une
longue navigation réclamaient encore leurs forces
et leur ardeur pour huit mois au moins ; enfin, je puis
l’avouer sans détour, j’étais moi-même très-fatigué
du rude métier que je venais de faire, et je doute fort
que j’eusse pu y résister plus longtemps.
Dans cette courte, mais pénible et périlleuse campagne,
tous les officiers et élèves des deux corvettes, sans
exception, avaient parfaitement fait leur devoir, et
je n’avais que des éloges à donner à leur conduile.
Dans la soirée du février 1840, par 65“ 20' de latitude
méridionale et 180“ 2U de longitude orientale,
nous dîmes un adieu définitif à ces régions sauvages,
et je mis le cap au nord pour rallier Hobart-Town *.
J ’ai puisé clans le rapport adressé par M. d’Urville au ministre
de la marine, a la date du 19 février i 84o, une grande partie
de ce chapitre. Le journal tenu par le chef de l’expédition pendant
celte excursion se réduit,comme à l’ordinaire, à la narration
des faits principaux qui se sont passés sous ses yeux, sans qu’il
y soit fait mention des services spécialement rendus par chacun
de ses officiers. Il est probable que si AI. d’Urville eût pu rédiger
cette partie de son ouvrage, il y eût fait une mention particulière
de ces services en son lieu et place. C’est pourquoi je
crois de mon devoir de reproduire ici la portion du rapport de
AI. d’Urville dans laquelle il exprimait au ministre de la marine
la satisfaction qu'il éprouvait de la conduite et du zèle de son état-
major. Ce paragraphe est ainsi conçu :
« Je dois signaler ici d’une manière toute particulièi'e les
noms des personnes q u i, demeurées fidèles à leur mandat,
n’ont cessé de me montrer le dévouement le plus absolu, la
confiance la plus honorable et l’enthousiasme le plus soutenu
pour les travaux glorieux qu’ils étaient appelés à partager. Leur
concours loyal, la certitude de mériter du moins leurs suffrages,
ont seuls pu m'aider à m’élevcr au-dessus de bien des mécomptes,
à persévérer dans mes projets, enfin à assumer sur moi les terribles
chances de ma dernièi-e pointe au pôle. »
Suivait la liste des officiers pour lesquels il demandait des récompenses.
Et enfin le rapport, qu’on ti’ouvei-a en entier dans les
pièces justificatives contenues dans ie 10® volume, se terminait
comme il suit ;
« J’ai cru pouvoir, monsieur le ministre, promettre à nos équipages,
en raison de nos derniers efforts, de nos derniers succès,
et surtout de leur excellente conduile, que la prime qui leur