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Noie 16, page 154.
Le i 5 janvier, le vent tomba un peu et le ciel devint moins
sombre. La nuit fut h peine sensible; à quatre heures du matin,
nous aperçûmes à l’horizon notre première île de glace; elle fut
loin de produire sur nous le même effet que celles du premier
voyage; néanmoins chacun la considéra avec intérêt, nous en
passâmes à environ deux milles, on lui trouva 35o mètres environ
de longueur et 20 mètres d ’élévation. Cette glace se trouvait
sur le parallèle de 60® i 5’ latitude sud, et nous avions déplissé
la route de Cook, q u i, en mars 1773, fut obligé, à
cause de l’état avancé de la saison, de faire route au nord avant
d’essayer de passer cette latitude. La mer où nous nous trouvions
n avait donc été encore sillonnée par aucun navigateur.
Les circonstances nous paraissaient favorables pour aller au sud.
Dans la matinée du 19, nous vîmes une douzaine d’îles de la
plus grande dimension, disséminées autour de l’horizon : leur
forme était généralement plate et leur hauteur variait de 3o à 35
mètres. Nous aperçûmes plusieurs'baleine,s qui soufflaient au
milieu de ces îles ; nous vîmes beaucoup d’albatros fuligineux
et de pétrels antarctiques, et nous entendîmes, pour la pi’emière
fois, le cri des pingouins. La vue de ces îles, dont les faces perpendiculaires,
éclairées par les rayons du soleil, rendaient des
reflets de couleurs on ne peut plus brillantes, donnait à la navigation
des points de repèi'e pour reposer la vu e, et nous
nous plaisions à les regarder, oubliant combien , par un temps
sombi-e, brumeux ou neigeux , leur agglomération nous donnerait
d’inquiétude. Le vent diminuait à mesure que nous avancions
dans le sud, mais le froid devenait beaucoup plus vif; la mer
prit dès lors une température constamment au-dessous de zéro,
qu’elle conserva longtemps, et la température de l’air oscilla entre
1,0 et 3,5. Le 19, à midi, nous étions par 65", /¡o" de latitude
sud el 139'’ 1’ (le longitude est. Nous continuâmes à courir
NOTES. 31.0
au sud avec la plus grande sécurité, grâce à la pureté du ciel et à
l’absence complète de nuit, el nous nous flattâmes, malgré l’augmentation
des îles de g la ce , de ne pas rencontrer les banquises
avant le cercle polaire.
Le soir, nous gouvernâmes entre deux chaînes de grandes îles
de glace qui se rapprochaient de plus en plus à mesure que nous
avancions, à tel point qu’à huit heures du soir ou en comptait
quarante à fhorizon. On crut alors voir la terre dans le sud,
cette partie de l’horizon offrait des blancheurs qui rappelaient
celles des banquises ou des terres neigeuses , chacun reconnaissait
ces indices, mais peu de personnes osaient se flatter que
ce fût la terre. On ne perdit pas de vue cette partie de l’horizon.
Ces apparences se dessinèrent de plus en p lus, et à notre grande
joie, à deux heures du matin, au moment où le soleil, qui n’avait
fait que quitter très-peu de temps l’horizon , vint à se lever, son
disque éblouissant éclaira pour jious une grande terre qui s’étendait
depuis l’E . S. E . jusqu’au S. O.; à quatre heures du matin
il n’était plus possible de contester son existence.
Nous nous en approchâmes seulement de quelques milles dans
la matinée. Alalheureusement le vent nous abandonna. De folles
brises du S. E. et du S. 0 . nous forcèrent de courir des bordées
au milieu des îles de glace qui cachaient presque en entier
la côte et ne laissaient apercevoir que les hauteurs qui se détachaient
fort peu du cie l, mais assez cependant pour qu’on pût
reconnaître à leur élévation que ce n’était ni une banquise, ni
des îles de glace ; à huit heures, nous passâmes très-près de
\Astrolabe] le commandant d’Urville nous bêla au porte-voix
pour savoir ce qu’on pensait à bord de ce qui était en vue ; nous
lui répondîmes que l’opinion était unanime que c’était la terre.
A son bord, beaucoup de personnes en doutaient encore. Pour
nous, nous nous regardâmes commesi certains que c’étaitelle elque
nous dépassions le cercle polaire, que nous fêlâmes le jour même
la découverte et le passage de ce cercle fameux qui, pour la rareté
du fait, mérite une céi cinonie autant que féquateur. La joie la
plus vive régna loute la journée à bord ; nous portâmes des toasts