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graphe ; il voulut connaître en détail la construction
et l’usage de chacun des instruments, et enfin, lorsqu’il
rentra à son gouvernement, il ne pouvait se
taire avec moi de tout le plaisir qu’il avait éprouvé
dans cette visite.
Nos préparatifs .de départ tiraient à leur fin, et je
désirais vivement mettre à la voile sans délai; l’appareillage
fut fixé au lendemain. Cette journée était
la dernière que nous devions passer sur la rade; elle
fut employée à régler tous les comptes et à faire nos
adieux. Dans la soirée, nous assistâmes à un bal chez
le gouverneur. Lady Franklin avait voulu donner une
fête aux officiers français. La réunion était des plus
brillantes ; nous en eûmes tous les honneurs. Comme
je 1 ai déjà dit, les Anglais d’Hobart-Town étaient en
avance, dans leur date, d’un jour sur nous. Sir John
Franklin et sa femme avaient voulu commencer l’année
1840 par une fete aussi brillante qu’agréable.
Quant à nous, le 1“"^ janvier 1840 devait nous trouver
sous voiles ; l’année qui commençait nous promettait
encore de nombreuses fatigues, mais elle ouvrait
aussi l’espoir du retour dans nos familles avant qu’elle
fût terminée *.
' Notes 1 1 ,1 2 , 13 et 14.
CHAPITRE LIX.
Navigation vers le pôle Antarctique. — Découverte de la terre
Adélie.
A quatre heures du matin nous étions sous voiles.
Le capitaine Moriarty avait voulu nous servir lui-
même de pilote, « afin, disait-il, de passer quelques
instants de plus avec vous. » La brise était alors favorable,
et je brûlais d’en profiter. Ce fut dans ce moment
que l’on vint m’annoncer que M. Goupil
avait rendu le dernier soupir pendant la nuit. Je savais
combien ce jeune artiste était aimé par tous ses
compagnons de route. Je savais en outre que tous les
officiers de l’expédition désiraient vivement passer
une journée de plus à terre, pour pouvoir rendre à
ses dépouilles les honneurs qui lui étaient dus ; mais,
d’un autre côté, l’époque de notre départ avait déjà
été très-retardée. Nous n’avions pas un instant à perdre
pour prendre la mer, afin d’arriver dans les glaces
dans la saison favorable. De plus, nos équipages,
déjà fort réduits, n’avaient pu qu’avec beaucoup
de peine se renforcer de quelques matelots anglais.
1840.
l«r Janvier.