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d’une aigudle en fér-blane , occupait et gourniandait les timoniers,
qui écrivaient les résultats suivants de ses observations:
A ” plan perpendiculaire. — Haut. 182® i 5’ 12” i 4’” 25”” .
— Bas. 752® 4’ i 5” i 3’” 12”” , etc.
Et ainsi du reste. Enfin, reconnaissant que son aiguille était
influencée, il y piqua une patate, et la trouvant verticale, il annonça
le pôle magnétique il remit ensuite au commandant
le plan de la baie de la Communion et des terres voisines, où se
trouvait le pôle magnétique rayonnant comme un so le il, le volcan
des Pétrels, la pointe Pingouin, e tc ., etc.
E n fin , le grand moment arriva, on bêla un navire et l'on
vit apparaître le père Antai’Ctique légèrement vêtu d’une veste
blanche, ruisselant de sueui’, quoiqu’à l’abri d’un parasol, et
tenant au brasmadameson épouse, une grossedondon,représentée
par un novice auquel ou avait adapté une paire d’appas de dimension
et une cornette blanche ; il s’avança gravement vers la
dunette et présenta au commandant sa cour, ainsi composée : Le
grand chancelier babillé en marquis, orné d’un chapeau à claque
de trois pieds de hauteur, en toile goudronnée, avec une énorme
cocarde, d’un habit à queue et d’une épée en civadière ; un abbé
et toute une séquelle d’enfants de choe u r , de bedeaux et de
suisses; c’était un gaillard de six pieds, qui paraissait faire un
oeil peu canonique à madame Antarctique.
Un naturaliste habillé en charlatan, remorquait après lui une
masse de squelettes , de peayix , d’avanos, e t c ., etc. — Puis un
gabier peint à la chaux en pingouin , distribuait des gourmades
au naturaliste qui prétendait l’empailler. — Enfin, un phoque,
dont le père Antarctique fit présent au commandau t , comme une
espèce particulièrement curieuse.
L’autel avait été pi’éparé à tribord, près du grand mât. L ’abbé,
suivi de tous les enfants de choeur, bedeaux , e tc ., s'y dirigea
avec componction, se recueillit un instant, et purifiant le pain
et le vin, cassa une croûte et s’administra une bonne rasade,
puis se retournant vers les fidèles qui l’entouraient, il leur adressa
la parole en ces termes :
ElNlBUS TERKÆ GLORIA.
C’est aux confins du monde qu’est Vimmorlalité.
(Ces paroles sont tirées de saint Passe-Avant, chapitre ix ,
verset 18. )
C’est avec un sentiment profond de plaisir et de peine tout à la
fois, que je me retrouve parmi vous, vieilles connaissances, vieux
habitants de l’empire des mers ; favoris du père Ligna, vous
l’êtes aussi du père Aetarctique,. son frère cadet. Jadis vous m’avez
vu frais et brillant de la gloire du premier, distribuant mes
bénédictions pontificales à droite et à gauche; que j ’étais heureux
alors! Je recueillais sur ma face toute une moisson de roses et de
lis, mes joues fraîches et rebondies attestaient hautement l ’excellence
de la cuisine lignatiqiie ; mon nez rouge et bourgeonné disait
assez clairement que les bidons de nectar n’étaient pas les
seuls que je connaissais. Avec quel plaisir je voyais tous les jours
se dessiner plus distinctement un troisième étage à mon menton
déjà bismonté ! Peccavi, j ’ai péché ! Adieu , palais , adieu , repas
splendides , l’ignoble pingouin a remplacé les friandes côtelettes
d’albatros, les hures savoureuses des marsouins, les délirantes g ibelottes
de baleine ; peecavi, j ’ai péché ! adieu, vignobles, adieu,
vous aussi clysoirs qui veniez si voluptueusement verser une
bienfaisante eau chaude dans mes intestins enflammés au fort de
mes digestions laborieuses; pe c eav i, j ’ai péché! vos plaisirs ne
sont plus faits pour moi dans cette vallée de larmes , in hac la-
crymaruni valle. Mea culpa, mea maxinia culpa.
Mais, me direz-vous , quel crime a donc pu t’exclure de celte
cour dont tu faisais l’ornement? Quelcrirne? Hé ! mon Dieu, une
simple peccadille : Confesseur ex voto de madame la Ligne, chargé,
par conséquent, de veiller à sa conduite , j ’eus le tort de ne
pas avertir à temps le père Ligna, de certain ornement qu’un de
ses courtisans voulait ajouter à son noble port ; eh bien ! le croirez
vous? mon noble seigneur ne s’accommoda pas de cette coiffure
qui fait fureur en E u ro p e , et mon postérieur souffrit de ce
caprice ; il me fit subir la peine du talion en m'envoyant un grand
coup de ied dans le . , . ! ! ! ; et , non contcntde toutcela, m’exila