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que j’allais maintenir nos deux navires à peu de
distance l’un de l’autre, afin qu’il pût, le plus tôt
possible, me rapporter la réponse de MM. les officiers.
Lorsque le canot de la Zélée se fut éloigné, je me
mis à réfléchir sérieusement sur la position fâcheuse
dans laquelle nous nous trouvions placés. Comme je
l’ai déjà dit, j’avais fini par croire aux assertions positives
de M. Leguillou, et j’en avais conclu que les
maux qui avaient frappé la Zélée avaient jeté dans
un profond découragement et son équipage et son
état-major. Dès lors, quels que fussent mes projets ultérieurs,
je ne pouvais plus compter sur le concours
de la Zélée. Si je n’avais vu dans ce moment même l’équipage
et l’état-major de VAstrolabe pleins de courage
et de bonne volonté, je n’aurais pas hésité à
abandonner ce qui me restait encore à faire de la
mission qui m’était confiée pour retourner en France.
Nous étions alors par 31 degrés de latitude sud, les
ports les plus voisins étaient la rivière des Cygnes et
le port du roi Georges, venait ensuite l’Ile de France, et
enfin Hobart-Town. Les deux premiers étaient très-
difficiles à gagner, à cause des vents d’est, qui régnaient
avec une persistance si désastreuse pour nous. Du reste,
je redoutais avec raison de n’y rencontrer aucune
des ressources nécessaires pour la guérison de nos
malades, après avoir perdu peut-être plus d’un
mois pour atteindre ces établissements anglais, d’une
création encore toute récente; je ne pouvais songer à
me rendre directement à l’Ile de France, sans renoncer
à la plus belle partie de la mission qui m’avait été
confiée. Dans ce cas, il eût fallu encore traverser
en entier l’espace compris entre le 26“ et le 31“ parallèle,
où déjà nous avions rencontré des calmes qui nous
y avaient retenus pendant près de dix jours : tandis
que dans les parages où nous nous trouvions, nous
devions nous attendre tous les jours à la venue
des vents d’ouest, si fréquents dans ces latitudes, et
qui devaient nous pousser à Hobart-Town en peu
de jours. De plus, jusqu’à cette époque, les médecins
avaient toujours considéré comme une des circonstances
les plus favorables à la cessation des maladies,
notre arrivée dans la zone tempérée. J’eus donc
lieu d’être surpris lorsque M. Leguillou, qui assurait
en avoir conféré avec son collègue M. Hombron, vint
me déclarer inopinément qu’il était nécessaire, dans
l’intérêt de nos malades, de conduire le plus promptement
possible nos corvettes à l’Ile de France. Or, je
savais déjà que, à bord de la Zélée, des reproches
graves avaient été adressés à M. Leguillou sur les soins
qu’il devait aux malades, et par état et par humanité.
Je savais même que les hommes de l’équipage, ignorant
la maladie de M. Hombron, avaient prié plusieurs
de leurs camarades de me supplier de leur
envoyer M. Dumontier pour médecin, en remplacement
de M. Leguillou. Quelques matelots de VAstrolabe,
qui prévinrent ces envoyés que leur démarche
serait contraire à la discipline et que leur demande
ne pourrait être accueillie, empêchèrent seuls qu’elle
me fût directement présentée. M. Hombron était
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