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verte de ces magnifiques contrées couvertes de la plus luxuriante
végétation et de nombreuses populations !
Je pars accompagné de MM. Dumoutier et Lebreton ; mes
bommes, pleins d’ardeur, imprimentau canot une vitesseinaccou-
tumée. Hardi, matelots ! la yole de la Zélée nous talonne ; il faut
arriver les premiers ; mais je n’ai pas besoin de les stimuler : obéissant
à leurs brus vigoureux , l’embarcation dévore l’espace.
Les corvettes baissent sensiblement à l’borizon, et bientôt
nous ne distinguons plus que leurmâture ; la côte, au contraire,
se découvre davantage; nous ne pouvons plus douter que ce ne
soit de la terre ; les matelots redoublent d’énergie et nous entrons
au milieu d’un labyrintbe de glaces qu’il faut traverser pour
arriver au but.
De ma vie je n’oublierai le magique spectacle qui s’offrit alors
à nos yeux.
Saufle grandiose, nous aurions pu nous croire au milieu des
débris de l’uue de ces imposantes cités de l’antique Orient r é cemment
bouleversée par un tremblement de terre.
Nous naviguions, en effet, au milieu de gigantesques débris,
affectant les formes les plus bizarres : ici des temples, des palais
aux colonnades brisées , aux superbes arcades ; plus loin le minaret
de la mosquée, les flèches aiguës de la basilique romaine ; là-
bas, une vaste citadelle aux nombreux créneaux, dont les flancs
déchirés paraissent avoir été frappés par la foudre ; sur ces majestueux
débris règne un silence de mort, un silence éternel, jamais
la voix de l’homme n’avait encore retenti dans ces solitudes glacées.
Au milieu de cette scène majestueuse, nos embarcations,
je pavillon de France en poupe, glissent calmes et recueillies ; mais
le coeur bat vivement, et soudain un long cri de Vive le roi ! vient
saluer la terre.
C’est elle, en effet; la voilà ! nous la touchons, et nos brillantes
couleurs se déroulent el flottent majestueusement sous le cercle
polaire, au bruit de nos bourrah d’allégresse , sur mie rude roche
de granit rougeâtre, dominée par douze cents pieds déglacés
éternelles!
Mais il nous faut des souvenirs ; il faut q u ’un de ses fragments
vienne rappeler à chacun de n ou s, dans ses vieux jours,
qu’il a mis le pied sur un sol nouveau ; pics et marteaux retentissent
à l’envi ; le roc est bien dur, mais il ne peut résister à
no.s efforts, et bientôt de nombreux débris remplissent le fond des
canots.
Quelques inoffensifs, pingouins seuls habitants de ces lieux, se
promènent près de nous; malgré leurs protestations, nous les
emmenons comme de vivants trophées de notre découverte.
Mais la brise s’élève fraîche et fi’oide autant que la glace sur laquelle
elle passe pour arriver jusqu’à nous. Nous en profitons
pour mettre à la voile et saluons la terre, qui disparaît , de trois
cris de Vive le roi !
La bonne brise nous pousse rondement ; à 11 heures et demie
nous atteignons les corvettes ; tout le monde est sur le pont; tous
nous attendent avec anxiété; la vue de nos trophées excite des
transports de joie, notre découverte est constatée et reçoit le nom
de terre Adélie.
. Nous étions alors par 6G° 29’de latitude sud et 138° 2 1 ’de longitude
à l’est du méridien de Paris.
{M . Duroch.)
Note 18, page 1S4.
Le 1 8 , nos matelots imaginèrent, pour célébrer le passage du
cercle antarctique , une fête semblable à celle que les marins sont
dans l’habitude de faire lorsqu’ils traversent l’équafeur. Dans
la soirée, le père Antarctique, frère supposé du père la Ligne,
a envoyé une missive au commandant d’LrvilIe, pour lui annoncer
son arrivée pour le biidemain, à l’occasion du passage du
cercle polaire ; la suite du baptême de la Ligne sera la communion
avec le pain et le vin.
Voici le contenu de cette dépêclie :
Antarctique XIX® du nom, au capitaine de vaisseau Dumont-
d’Lrville commandant Y Astrolabe , salut et amitié.