élancions dans une direction opposée. Au bout de
quarante minutes, nous avions parcouru quatre pilliers
, et nous changeâmes de monture. Enfin, nous
arrivâmes sur une suite de coteaux recouverts par
une grande graminée dont les tiges flottantes se balançaient
au gré des vents. Les tigres, dit-on, abondent
dans ces herbes sauvages.
Sur ces coteaux dénudés, nous aperçûmes six petits
édifices appelés sacella, de forme semblable et ne
différant entre eux que par les dimensions et les ornements.
Le plus élevé de tous couronne la dernière
colline de la chaîne et paraît isolé. Ces sacella, d’ime
construction très-mauvaise et peu solide, sont des
pyramides qiiadrangulaires de quatre à cinq mètres
de haut, sur deux ou trois de base; liné porte étroite
conduit à l’intérieur. M. Baud avait envoyé à l’avance
des ouvriers pour déblayer un de ces édifices, aussi
nous pûmes y entrer; nous trouvâmes l’intérieur
entièrement vide, seulement nous aperçûmes plusieurs
niches où devaient se trouver des statues. Ces
constructions paraissaient n’avoir été faites que pour
servir de lieu de sépulture à une seule famille. La plus
élevée de toutes était aussi la plus remarquable ; à côté
d’elle on apercevait les débris d’une sacella plus petite,
d’un autel et de plusieurs bancs. Les pierres qui
avaient servi à construire ces édifices étaient de grès,
elles étaient taillées en rectangles peu réguliers et assemblées
à l’extérieur sans aucun ciment pour les lier;
quelquefois même elles étaient entaillées de manière
à entrer les unes dans les autres. Ces édifices sont à
peu près tous semblables; quelques-uns sont ornés
de sculptures.
Du sommet de ces coteaux on jouit d’un coup d’oeil
admirable. Malheureusement la terre était entourée
d’une brume assez épaisse, et il eût fallu attendre
peut-être longtemps encore avant que le soleil fût parvenu
à la dissiper. Nous n’en avions pas le temps,
et après avoir déjeuné nous remontâmes à cheval.
Nous arrivâmes bientôt près d’un village où l’on me
montra, au milieu d’une forêt admirable , une des
plus belles sources que l’on puisse voir ; elle sort
du fond d’une fissure dans le roc, à cinquante-
deux pieds de profondeur. Son volume est de la grosseur
du corps d’un homme ; ses eaux sont jaunes, et
on prétend qu’elles jouissent de propriétés médicinales
lorsqu’elles sont prises sur les lieux.
Quelques instants après , nous retrouvâmes M. Jacquinot
qui stationnait sur la route avec la calèche, et
nous reprîmes le chemin de Samarang au galop de nos
chevaux. Je ne pouvais me lasser d’admirer ces lielles
plaines que nous parcourions si rapidement, et qui,
couvertes de riches récoltes, témoignaient si amplement
de la fécondité du sol. M. Baud m’assura que la
résidence de Samarang comprend à elle seule 800,000
habitants, dans lesquels le district àe Sala-Tiga compte
pour 160,000.
MM. Baud et de Broon, en voyant tout le plaisir
que j’éprouvais à parcourir l’intérieur de Java, insistèrent
vivement auprès de moi pour m’engager à consacrer
huit jours à visiter les provinces hollandaises