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il reçut les conseils d’un habile maître, de M. Coignet, le peintre
d’histoire , près duquel il puisa le goût des études sévères.
En i833, il parcourut l’Auvergne, accompagnant son premier
maître, et il s’y lia avec un ancien camarade d’ateber, AI. Ala-
rilhat. Les succès obtenus dès lors par ce jeune paysagiste,
après un long séjour en Orient, contribuèrent sans doute à tléve-
lopper chez Ernest un vif désir de voyage.,, bien décidé à fuir
cet écueil, contre lequel ont échoué tant d artistes habiles , qui
toute leur vie font de la peinture avec les souvenirs d’autres tableaux
, répétant sans fin les maîtres qu’ils admirent. Il voulut
remonter à la source où ceux-ci avaient eux-mêmes puisé. Après
avoir étudié dans les ateliers et les musées , il crut que la nature
seule pouvait lui fournir les moyens d’avoir une manière à lu i,
d’acquérir en un mot cette originalité, cachet des grands peintres.
11 visita d’abord les environs de la capitale, puis des contrées
moins explorées, moins souvent reproduites, et qui l’exposaient
moins à être copiste, même à son insu.
Cette manière de comprendre son art, ce besoin d’étudier la
nature, il l’avait également rencontré chez un homme de talent,
AI. Ch. Alozin, avec lequel il se lia de bonne heure , et qu’il accompagna
à Saint-Valery (Somme), en i834. Comme lui, il aimait
cette vie calme et studieuse passée sur les bords de la mer. Là , il
pouvait consacrer à son art tout ie temps que, dans la capitale, il
aurait dépensé malgré lui en occupations peu utiles. Une de ses
promenades à Saint-Valery fut marquée par un incident qu’il
cacha soigneusement, et qui ne fut connu de sa fiimille que par
le récit d’un capitaine de commerce (AI. Demay), témoin du fait.
Une embarcation, dans laquelle se trouvaient un officier et son
jeune fils, chavira à quelque distance du port. Ernest se jeta à la
mer et ramena sur la rive le père évanoui ; il approchait déjà de
l’enfant qui, grâces à ses vêtements soulevés par l’air, s’était soutenu
au-dessus de l’eau, quand une chaloupe parvint à le recueillir.
Ernest Goupil partit de Saint-Valery en novembre 1 835, sur un
navire marcband qui devait côtoyer l’Espagne et débarquer à Alarseille.
Cevoyagesefitenquarante-deuxjours;de là. Goupil se rendit
à Cette; mais la saison trop rigoureuse ne lui permettant point
de faire des études en France, il s’embarqua pour l’Algérie sur uu
bâtiment en fort mauvais état. La traversée se fit avec un gros
temps et des dangers réels, rendus plus graves par des pompes
délabrées hors d’état de rendre aucun service”. Ils furent heureux
de pouvoir enfin relâcher à Alahon quelques jours , et n’arrivèrent
à Alger que dans le commencement de février. Ernest
passa deux mois en Afrique, et, bien que contrarié par des pluies
abondantes , y fit de bonnes éludes ; puis il revint à Alarseille. Le
temps s’était radouci, il fit beaucoup d’études et de fort bons dessins,
en dirigeant ses courses du côté de Toulon , surtout aux
gorges d’Olioulles. Cependant un si long isolement commençait à
le fatiguer, quand il reçut une lettre d’un artiste, son ami, de
AI. G. Lacroix; celui-ci l’attendait à Alontpellier, où il était venu
faire des études, en compagnie de AIAI. Corot etFrancey.
Ernest se batâ de rejoindre ses amis, heureux de peindre avec
eux, et appréciant tout le talent qu’ils ont tous trois montré depuis
dans leurs expositions ; il travailla dans celte utile société
trois mois, poussant son voyage sur les côtes de la Aléditerranée.
Arrêtés quelque temps à Port-Vendre , la guerre civile ne leur
permit point de passer la frontière d’Espagne. Enfin, après
quinze mois d’absence, il revint, en octobre i836, travailler pour
fexposition du printemps suivant.
Déjà il avait mis plusieurs tableaux au salon de 1 835 , et malgré
un peu d’inexpérience de l’a r t, inévitable à 2 i ans , ses premiers
essais décelaient un véritable talent. Loin de le satisfaire,
toutefois , ils lui avaient laissé le regret de n’avoir point attendu,
pour prendre, dès son d éb u t, le rang qu’il se sentait appelé à
conquérir.
Au milieu de ces projets de longs travaux , le bruit d’un nou-
* L à to u te fo is n ’é ta it p as le p lu s g ra n d p é ril : en effet, un c ap ita in e m alad e,
un second c h e rc h an t d an s l ’ab u s des liq u e u rs spiritu e iises du co urage p o u r lu tte r
co n tre une m e r m au v a ise, d ev a ien t fa ire p ré v o ir une issue funeste a cette n a v
ig atio n .