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vêtues d’un simple sarong, qui avaient fui à notre
approche; nous pensâmes qu’elles s’étaient réfugiées
dans ces habitations, où, en véritables croyants de la
religion de Mahomet, leurs maris les tenaient renfermées
à l’abri du regard profane des étrangers infidèles.
Au milieu de ce petit village s’élevait la mosquée,
qui n’avait rien de remarquable, sinon que les
murs étaient construits en briques; du reste, c’était
la seule maçonnerie de l’endroit. En faisant le tour
de cet édifice, je fus aperçu par mon ami l’orang-
kaya, qui était venu me rendre visite à bord ; il s’approcha
de moi; puis, me prenant par la main, il
me conduisit dans sa demeure. Je fus étonné du confortable
que j’y rencontrai ; il me fit servir de l’eau
de coco dans de beaux verres posés proprement sur
de belles assiettes en porcelaine, et en me montrant
un assez beau service à thé, il m’offrit de me faire préparer
du café. J’avais hâte de parcourir les alentours
du village, et je le quittai très-satisfait de son hospitalité.
En m’accompagnant, il me conduisit sous un
vaste hangar attenant à son habitation, qui était rempli
de poivre récolté dans le pays.
J’ignore si cette peuplade, qui reconnaît la suzeraineté
hollandaise, peut trafiquer librement de ses
denrées avec les navires étrangers ; mais ce qu’il y a
de certain, c’est que ce chef me fit beaucoup d’instances
pour me vendre sa marchandise, qu’il estimait
au prix de 12 florins le picol. Je fus enchanté de
la réception de cet homme, dont l’hospitalité ne fit,
à ce qu’il paraît, défaut à aucun des officiers de l’expédition.
« Je reçus un accueil des plus aimables, dit
M. Dubouzet, de l’orang-kaya, nommé Bassan-Angara,
auquel j’avais fait quelques présents; ce brave
homme très-simple se mit en frais pour moi, et il
ne voulut pas me laisser partir sans prendre du thé.
J’appris de lui que tout le pays des Lampongs forme
une nation à part dans la grande île Sumatra {Inda-
lass), dont la langue, bien différente de celle des Malais
et des Javanais, a des caractères particuliers que
lui, homme lettré, connaissait parfaitement, et dont
il me donna un alphabet. » Ce chef, questionné sur
les animaux qui se trouvaient dans les environs du
village, me répondit qu’on y rencontrait beaucoup de
singes et quelquefois des sapi-outangs. Il faut aller
sur la montagne pour trouver le rhinocéros, l’élé-
pbant et le tigre, qui quelquefois étend ses ravages
jusque dans les villages situés près de la mer. Les
habitants possèdent, comme animaux domestiques,
quelques rares moutons dont ils ne voulurent pas se
défaire, mais ils n’élèvent pas de cochons.
Au milieu du village, il existe une place à peu près p i . c l i i i .
carrée et garnie de beaux arbres, puis de tous côtés
on aperçoit de nombreux sentiers qui conduisent dans
l’intérieur. Tout autour des maisons, nous vîmes
d’abondants pâturages et de nombreuses rizières entretenues
par des eaux claires et abondantes. En entrant
dans les forêts, nous aperçûmes encore une foule
de plantations de poivre dont la vue nous était masquée
par les grands arbres sur lesquels viennent s’appuyer
les plantes qui le produisent. Les habitants