30 VOYAGE
1839. avec lui. Aussitôt qu’il nous aperçut, il vinta nous Septembre.
d’un air ouvert et plein de franchise, et il nous accueillit
avec une bienveillance toute particulière. Il
voulut s’excuser de l’impossibilité où il était de nous
recevoir selon son désir ; mais il nous pria instamment
d’en agir avec lui comme si nous étions de vieilles
connaissances, et d’accepter ses services, s’ils
pouvaient nous être agréables. Nous allâmes ensuite
visiter MM. Boll et Voûte, que nous avions connus dans
les Molluques, exerçant les fonctions de magistrats,
le premier à Amboine, le second à Makassar. Tons
deux se trouvaient à Samarang pour y exercer les
mêmes fonctions. Nous avions conservé d’eux des
souvenirs trop agréables pour ne pas saisir avec empressement
cette nouvelle occasion de nous revoir. Ils
partagèrent avec nous la joie de cette beiireuse rencontre,
et nous les trouvâmes toujours dans les mêmes
sentiments à notre égard. Enfin nous rentrâmes chez
M. Tissot. J’étais toujours fatigué et souffrant; les
communications avec nos navires étaient souvent
difficiles et toujours pénibles ; aussi j’acceptai volontiers
l’appartement qu’il m’avait fait préparer, et où
je pus goûter un repos devenu nécessaire.
Je consacrai la journée du lendemain tout entière
à écrire au ministre et à ma famille ; le Bombay allait
mettre à la voile, je voulus profiter de cette circonstance
pour faire parvenir sûrement des nouvelles de
l’expédition. Du reste, j’étais bien aise de prendre
quelque repos, car j’avais rendez-vous avec le résident,
le lendemain, pour aller visiter l’intérieur de l’île.
DANS L’OCÉANIE. 31
De grand matin, ainsi que nous en étions conve- o A Scplenibre.
nus, nous nous rendîmes, M. Jacquinot et moi, à
l’hôtel de la résidence. Fidèle à sa parole, M. Baud
avait tout disposé; il nous attendait avec une tasse
de café dont nous dûmes nous lester avant de nous
mettre en route. La voiture était prête; elle était
attelée de six chevaux qui se montraient impatients
de partir. Le colonel de Broon avait accepté l’invitation
du résident de faire la course avec nous. Il
fut exact au rendez-vous. Nous prîmes tous place
dans la voiture, et les chevaux partirent au galop. A la
porte d’entrée de l’hôtel se trouvait une suite nombreuse
qui devait former notre escorte ; elle se composait
de cavaliers du pays, vêtus uniformément et
urinés d’une lance à l’extrémité de laquelle flottait un
petit drapeau de diverses couleurs. No tre départ était
entouré d’une pompe que nous n’avions encore vue
nulle part, mais qui, à ce qu’il paraît, accompagne
ordinairement le résident dans ses tournées. Pour le
moment, nous en partageâmes les honneurs.
Nous parcourûmes d’abord une belle plaine richement
complantée, puis, par une pente assez rapide
à environ douze pilliers (huit milles), nous arrivâmes
aux plantations de café. La culture de cet arbuste est
aujourd’hui une de celles vers lesquelles tourne toute
l’industrie des indigènes ; elle a pris un accroissement
très-grand et très-rapide ; elle est presque entièrement
confiée aux soins des naturels. Le gouvernement
de la compagnie ne vend jamais de terres,
mais il les concède pour vingt années. Cette conces