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population de la Tasmanie se composait de 45,846 individus dont
27,713 personnes libres, et i 8, i 33 déportés pour méfaits. Hobart
Town, à elle seule, comprend 14,382 personnes, dont 10,829
libres et 3553 convicts. Ce chiffre tend constamment à augmenter,
et chaque jour les navires amènentde nouvelles familles qui
viennent se fixer dans une contrée où le sol promet à l’homme laborieux
la récompense de son industrie et de ses peines.
A 1 époque où nous nous trouvions alors, la récolte du blé
n’était pas encore faite, mais elle s’annonçait devoir être productive.
La colonie ayant d û , l’année précédente, envoyer une
paitie de ses produits a Sidney, qu’une sécheresse extraordinaire
avait mise en pénurie, cette circonslance avait occasionné dans les
denrées une hausse inaccoutumée dont tous les habitants attendaient
la fin avec impatience. Le pain , la viande , les poules', les
oeufs , etc. , s’y vendaient à un prix plus que double du prix ordinaire,
et l’approvisionnement des navires était devenu très-difficile.
Nous parvînmes néanmoins à compléter six mois de vivres •
pour chacune des deux corvettes, et nous nous pi ocurâmes du
biscuit de bonne qualité, en partie sur un bâtiment anglais, en
partie chez M. Degraves , qui a établi des fours à une petite lieue
de la v d le , dans une charmante situation connue sous le nom de
Cascade.
Nous avions eu longtemps l’espoir de sauver M. Goupil, dessinateur
de l’expédition. 11 s’était bien trouvé, dans le principe,
de son séjour à terre, et paraissait reprendre ses forces,
lorsque Je 25 décembre il retomba dans un état de faiblesse qui
devint alarmant, et causa à ses nombreux amis les plus vives inquiétudes.
Dès lors il prévit que sa fin approchait, et acquit
cette conviction avec un courage et une l'ésignation admirables ;
il fit ses dispositions et dicta ses dernières volontés avec la
plus grande netteté, et attendit la mort avec un calme parfait.
Il s’éteignit, à une heure près, avec l’année 1889. Passionné
pour la peinture, plein de talent, ayant un bel avenir, il
avait fait cette campagne pour amasser des matériaux et pour travailler
à sa réputation. D’un caractère agréable et d’un esprit enjoué,
toutes les personnes de l’expédition lui étalent attachées , et
toutes sentirent vivement que sa mort leur enlevait non-seulement
un ami, mais qu’elle était aussi une véritable perte pour
l’expédition , personne ne pouvant entièrement le remplacer,
non-seulement pour les lieux qui restaient à visiter, mais pour
tirer tout le parti des nombreux dessins et des nombreuses esquisses
dont il avait enrichi son portefeuille.
ÇM. Jacquinot.)
Note 12, page 122.
Le nombre de nos malades s’élevait à douze ; on fut obligé d en
porter huit sur des brancards, vu l’état de faiblesse auquel ils
étaient réduits. Ce furent les nommés Coutelenq , maître charpentier;
Michel, Brunet, Baudoin, Alartin, Stahl, matelots; Moreau,
mousse, et notre pauvre camarade Goupil, dont l état,
q u i avait été longtemps désespéré, s’était un peu amélioré, et
pour lequel nous comptions principalement sur les bons effets
de la terre. Tous, après avoir été si longtemps entassés dans un entrepont,
privés d’air et de lumière, se sentaient renaître à la vie
en se trouvant dans un appartement bien aéré, où ils pouvaient
jouir de la vue du soleil. Le premier jour, malgré les soins et
toutes les complaisances des employés de l’hôpital anglais voisin,
beaucoup de choses manquèrent; nous fûmes obligés de débarquer
divers objets de notre matériel, mais tout s’arrangea bien
vite, et personne n’en souffrit.
Toutes les personnes de la ville et toutes les autorités parurent
prendre un vif intérêt à notre position. Un jeune médecin de
f hôpital, M. Scott, dont je fis la connaissance, me rendit dès le
premier jo u r , avec une parfaite obligeance, des services pour
notre ami Goupil, que je n’oublierai jamais ; il se montra d une
amabilité et d’une complaisance comme on en rencontre rarement
chez des compatriotes , et qu’on pourrait à peine attendre
d’un étranger.
Un digne et respectable ecclesiastique de la ville, le docteur