1839. face, en vue des rivages de l’île Bassilan, atlendanl
inutilement que quelques bouffées de vent vinssent
enfler nos voiles.
12 II nous fallut six jours entiers pour approcher la
partie de la côte de Mindanao que nous avions déjà reconnue
; les hauts sommets des îles Serangani s’élevaient
devant nous, et marquaient les limites de
l’océan Pacifique que nous ne devions pas atteindre.
Nous attendîmes vainement du vent, les courants
seuls nous firent changer de place, en nous entraînant
dans le S. 0 . Enfin, le 13 août, nous perdîmes
la terre de vu e , les courants nous emportaient vers
le détroit de Makassar, avec une vitesse de près de
trente lieues dans les vingt-quatre heures. Ils nous
19 amenèrent le 19 en vue des terres de Célèbes, douze
jours après notre départ de Samboangan ; pendant
cet intervalle, nous n’avions pas parcouru cent lieues ;
jamais je n’avais éprouvé une série de calmes aussi
continus, les courants seuls nous avaient fait faire
quelque route, et ce furent eux qui décidèrent le
nouvel itinéraire auquel je m’arrêtai. Tous mes efforts
tendirent désormais à gagner le détroit de Makassar,
pour continuer ensuite ma route sur Hobart-Town, par
le détroit delà Sonde, après avoir touché à Samarang.
Les courants que nous éprouvions étaient loin de
rester réguliers, souvent ils nous faisaient perdre ce
23 que nous avions pu gagner la veille. Jusqu’au 23, nous
restâmes en vue des hautes terres de Célèbes ; enfin
nous relevâmes le cap Dimdas, sur cette île, puis les
îles Saint-Jean se montrèrent à nous le 26, et, dans
la soirée du même jour, nous reconnûmes d’assez
près les hautes terres qui forment le cap Kaneongan
sur fîle Bornéo, cap qui commence en réalité le
grand détroit connu sous le nom de détroit de Makassar.
Le lendemain, nous étions hors de la vue des terres
; nous avions doublé le cap Kaneongan pendant la
nuit. Le 29 nous avions de nouveau coupé l’équateur,
et nous étions rentrés dans l’hémisphère austral. Le
soir nous aperçûmes les terres basses et uniformes
des îles Pamarong, la brise était forte et contraire ;
des grains nous amenaient des pluies abondantes.
Le 31 les vents étaient toujours les mêmes, nous
n’avions pas gagné un mille dans le sud, malgré
un louvoyage constant, et je me décidai à mouiller
près des îles Pamarong pour attendre un temps plus
favorable. A cinq heures du soir nous étions arrivés
à sept ou huit milles de la côte, lorsque la sonde nous
indiqua trois brasses d’eau seulement. Je donnai
aussitôt l’ordre de virer de bord ; la Zélée put opérer
son évolution , puis elle laissa tomber son ancre
par cinq brasses d’eau; \Astrolabe fut moins heureuse,
elle toucha avant d’avoir viré, et elle s’arrêta
sur un banc de vase. La mer était un peu houleuse,
mais la corvette était sur un fond tellement mou,
qu’elle ne courait aucun danger. Nous cherchâmes
inutilement dans la soirée à nous déséchouer en nous
balant sur une ancre élongée dans ce but. Un courant
assez rapide (deux noeuds) se faisait sentir le long
du bord, et nous annonçait des marées assez fortes ;
1839.
Août.
29
31