des colonies Néerlandaises. Rien de la mer ne vient
trahir Texistence de cette grande ville. On n’aperçoit
que quelques toitures dominées par de hautes têtes
de cocotiers. On croirait voir quelques fermes isolées,
au milieu d’une plaine immense et bien cultivée.
Cependant, le dôme de l’église s’élève au-dessus des
arbres qu’il domine. C’est du reste le seul moninnent
que l’on aperçoive de la mer.
A peine avions-nous mouillé sur la rade, que deux
jolies pirogues, montées par des Javanais, étaient venues
nous offrir leurs services, moyennant la modique
somme de une ixmpie par jour (2 fr. 14 cent. ). Ces
hommes remplissent à Samarang les fonctions des
daubachis de l’Inde. Leurs services sont excessivement
précieux pour les marins qui mouillent sur la
rade. Pour accoster la terre, il faut, comme à Batavia,
remonter la rivière qui traverse la ville, et dont la
barre n’est pas toujours facile à franchir. Ces embarcations,
plus légères que celles des navires européens,
et maniées pai‘ des mains plus exercées dans ce genre
de navigation, rendent les communications très-
faciles entre la rade et la terre. Nos officiers s’empressèrent
d’en retenir plusieurs, et ils n’eurent
généralement qu’à se louer des services de leurs propriétaires.
Une nuit de repos, passée sur la rade, avait beau-
couj) diminué mes souiîraiices, et je me disposais à
descendre à terre en compagnie du capitaine Jacquinot,
lorsque nous reçûmes la visite de M. ïis s o l,
noire conipalriole, l’un des plus riches négociants de
DANS L’OCEANIE.
la ville ; il avait accueilli la veille plusieurs officiers des
corvettes, et avait appris d’eux que j’étais très-souffrant
; il accourait pour m’offrir un logement dans sa
maison ; je refusai d’abord cette invitation obligeante ;
mais j’acceptai de descendre à terre avec lui et d’utiliser
ses offres de services, pour me guider dans les
visites que je voulais faire aux autorités de la ville.
M. Tissot était accompagné par le capitaine du navire
marcband le Bombay, qui devait remettre à la voile
le lendemain. Je profitai de la circonstance pour arrêter,
séance tenante, le passage d’un de nos élèves,
à qui un fâcheux état de santé ne permettait plus de
faire partie de l’expédition. Depuis longtemps, M. La-
fond éprouvait des douleurs aiguës qui l’empêchaient
de remplir son service ; et même, depuis quelques
jours, le chirurgien-major m’avait prévenu q ue,
malgré tous ses soins, il n’espérait sauver les jours
de cet élève que par un prompt retour en Europe. Je
saisis donc avec empressement cette occasion de renvoyer
M. Lafond en France. Le navire le Bombay
1830. Seiitcnibî'c
devait opérer son retour à Bordeaux dans le plus bref
délai; il réunissait toutes les conditions nécessaires
pour le transport d’un malade. Le capitaine se prêta
de très-bonne grâce à un arrangement. Les conditions
du passage furent bien vite arrêtées ; dès le jour
même, M. Lafond quitta VAstrolabe et embarqua suite
Bombay. J’ajouterai que c’est aux soins empressés
du capitaine de ce navire que M. Lafond dut, d’après
son aveu, de pouvoir revenir graduellement a la
santé.