et qui avait coutiuiié à la soigner plus parliculière-
inent.Elle était devenue la propriété de M. Hombron,
a qui je l’avais donnée pour sa collection. Il la laissa
vivre quelques jours pour la faire dessiner par M. Le
Breton. Quoique libre sur le pont du navire, elle avait
adopté une place sur l’avant qu’elle quittait rarement.
Elle paraissait triste et aimait beaucoup la société.
Lorsque M. Le Breton s’approchait d’elle pour la dessiner,
elle se montrait plus contente, et elle ne chercha
jamais à lui faire d’autres malices que de saisir,
avec la main qui lui restait, le verre où M. Le Breton
lavait ses pinceaux, afin d’en boire l’eau. Cette malheureuse
bête était constamment altérée, elle souffrait
cruellement. L’équipage tout entier avait demandé
à M. Hombron de la laisser vivre, mais pour
espérer de la sauver, il eût fallut lui faire l’amputation
de son membre blessé. Désireux de conserver dans
toute son intégrité et sa peau et son squele tte, M. Hombron
termina toutes ses souffrances en la faisant
étrangler. Tous ces singes étaient de la même espèce
que celui tué par M. H. Jacquinot à l’embouchure de
la rivière Sambas. Je laisse à MM. les naturalistes le
soin de les décrire ; mais pour l’instruction des voyageurs
qui nous suivront, je dois dire que leur chair,
accommodée à toutes les sauces possibles, fut toujours
trouvée détestable, et cela en dehors de toute
prévention. )>
La brise, quoique faible, nous était favorable lorsque
je me décidai à remettre h la voile; j’espérais qu’enfin
nous allions pouvoii' conlinuer notre l'oute et
vider promptement le détroit. Mais combien de con-
trariétés ne devions-nous pas encore éprouver avant
de pouvoir rentrer dans les mers de Java! Jamais
nos corvettes ne furent arrêtées par des calmes plus
tenaces, coupés seulement par des vents très-faibles
et souvent contraires. Il nous fallut deux jours pour
perdre de vue les terres de Pamarong. Ces parages
sont tellement embarrassés de récifs, que la prudence
nous forçait à mouiller toutes les nuits. Le 6 septembre,
nous étions encore à feutrée de la baie Balie-
Papan; nous commencions à apercevoir une des
chaînes montagneuses de l’intérieur, tandis que le
rivage de la mer restait toujours bas et uniforme,
couvert par des forêts que je suppose être entièrement
formées de palétuviers.
Le 8, nous avions à peine dépassé l’embouchure ^
de la rivière Passir. Nous aperçûmes celle de la
rivière Apar, garnie, comme celle de Pamarong, de
petites îles probablement formées d’alluvions, et
totalement couvertes d’arbres. Ce jour-là fut encore
un jour de deuil pour VAstrolabe; notre pauvre Mafi,
qui avait quitté sa riante patrie, fîle Vavao, pour
venir partager avec nous la rude vie des marins, ne
put en supporter longtemps les fatigues; il succomba
à une phthisie pulmonaire. Ce malheureux
voulait voir la France, et sa résolution était tellement
ferme que rien au monde ne put le décider à
quitter VAstrolabe pour essayer de rétablir sa santé ;
sa mort était prévue depuis longtemps, et cependant
il fut vivement regretté. Cet boimne, destiné a jouir