Oil me I’a assure, le nombre des naissances est de
soixante-dix, lorsque celui des décès est de vingt-cinq
seulement. Aujourd’hui, le nombre des habitants qui
sont sons la domination des princes indépendants,
tels que les sultans de Solo, de Manka-Bouni et de
Djocara-Karta, est tout an plus de un million six
cent mille. Les autres princes ne sont indépendants
que de nom, car ils reçoivent leur autorité du gouvernement
hollandais.
Nous aperçûmes de loin, au milieu d’une immense
plaine, le fort Guillaume, qui était loin encore d’être
achevé, et qui doit pouvoir contenir 2500 soldats.
Ce sera là une citadelle qui garantira à jamais la
domination de la Hollande des attaques des indigènes.
Les forces des Européens, concentrées dans
le fort Guillaume, seront toujours prêtes à se porter
sur tous les points de l’île en cas de guerre intestine.
Le littoral de Java, est très-meurtrier pour les Européens;
aussi, à quelques exceptions près, il n’est
gardé en temps de paix que par des indigènes enrégimentés.
Les soldats hollandais qui constituenl la
force du gouvernement séjournent dans l’intérieur:
ils y restent concentrés et prêts à marcher au premier
signal. Les maladies, bien moins fréquentes sur les
plateaux élevés que sur le littoral, ont peu de prise sur
eux ; d’un autre côté, le gouvernement hollandais peut
constamment disposer d’une petite armée entièrement
composée d’Européens, sur laquelle il peut toujours
compter. Sala-Tiga est un des points les mieux choisis
pour une place de guerre. L’air qu’on y respire
est des plus purs, et sa position centrale permet une
surveillance active sur tous les points du liltoral. C’est
à Sala-Tiga que l’on a établi le camp des soldats européens,
jusqu’à ce que le fort Guillaume soit terminé.
De grandes dépenses y ont été faites, tant pour
loger les officiers que pour abriter les soldats. Cette
position militaire est à trente et un pilliers de Samarang.
Notre course était tellement rapide, qu’il ne
nous fallut pas plus de quatre heures pour franchir
cette distance.
C’était là le but de notre promenade. Le résident
de Sala-Tiga, ancien officier de la marine hollandaise,
avait été prévenu à l’avance, et nous fit un accueil des
plus agréables. Après un copieux déjeuner et quelques
heures données à la sieste, nous nous acheminâmes
vers le camp ; il ne contenait qu’un seul bataillon de
sept compagnies, presque entièrement composées
d’Européens. Le colonel de Broon nous en fit voir tous
les détails, Officiers et soldats me parurent bien logés,
et leur service me sembla être très-doux. Notre journée
fut employée à parcourir les alentours, où l’on
rencontre presque tous les végétaux de l’Europe ; elle
se termina par un grand repas, oifert par le résident;
nous y retrouvâmes tout le luxe et tout le confortable
des festins des grandes villes. Il nous restait
encore à faire une course longue et fatigante dans les
montagnes environnantes ; nous nous séparâmes
pour prendre quelque repos, et le lendemain, à cinq
heures du matin, nous étions tous debout, prêts à
profiler de la fraîcheur (ie la nuit pour continuer