1839. prendre les mêmes mesures à son bord. La niala-
Octobre.
die sévissait également à bord de VAstrolabe; nous
comptions onze malades seulement, mais déjà plusieurs
hommes se trouvaient menacés; un seul parmi
eux donnait des inquiétudes sérieuses ; cependant, nos
médecins ne renonçaient pas à l’espoir de le sauver
si nous parvenions promptement à sortir des tropiques.
Ainsi, rien encore dans notre situation ne pouvait
faire présager les pertes nombreuses que nous
devions faire à quelques jours de là.
Les vents soufflaient régulièrement de l’E. S. E .,
mais nos navires ressentaient l’influence d’une forte
houle du S. S. 0 ., qui ne me laissait aucun doute que
sous peu de jours nous atteindrions la zone où les
vents d’ouest régnent presque constamment, et qu’alors
il nous faudrait peu de temps pour gagner Hobart
Town, où, plus que partout ailleurs, nos malades
pouvaient espérer un prompt rétablissement.
Jusqu’au 29 octobre, nous ne pûmes avoir de communication
directe avec la Zélée. Ce qui se passait
sous mes yeux à bord de XAstrolabe me donnait de
vives inquiétudes. Le nombre des malades s’était encore
augmenté. Nous avions seize dyssentériques,
parmi lesquels se trouvait un officier, M. Marescot,
alité depuis plusieurs jours. Les nouvelles de laZeVée
étaient plus rassurantes. Ce navire comptait encore,
il est vrai, treize malades, mais aucun d’eux, d’après
les rapports qui me furent faits, ne donnait d’inquiétudes
sérieuses. M. Pavin de la Farge était toujours
alité ; mais depuis quelques jours sa santé semblait
29
DANS L’OCÉANIE. 75
s’améliorer. M. Goupil, dessinateur de l’expédition,
était aussi obligé de garder le lit ; toutefois, rien dans
son état n’annonçait des symptômes fâcheux.
Nous étions alors par 26 degrés de latitude ; les
vents qui jusque-là avaient soufflé régulièrement du
S. E., commencèrent à mollir et passèrent ensuite au
S. et S. S. 0 . J’espérais donc avoir bientôt atteint les
vents favorables de l’ouest, sur lesquels je comptais
pour gagner la Tasmanie. Pendant quelques jours, les
calmes nous retinrent à la même place et augmentèrent
notre impatience. Les maladies étendirent leurs
ravages; M. Gourdin se trouva subitement pris, le
30, de violentes coliques qui le forcèrent à se mettre
au lit d’où il ne devait plus se relever.
Le 1“' novembre vint marquer l’époque la plus i«'Novembre,
désastreuse pour notre expédition. Ce jo u r -là , la
brise s’établit de nouveau, et d’une manière régulière,
au S. S. E. Aussi nous dûmes renoncer à l’espoir
de voir bientôt arriver les vents d’ouest, si impatiemment
attendus par les deux corvettes, dont les
faux ponts étaient encombrés de malades. A partir de
cette date jusqu’à Hobart-Town, notre navigation
ne fut pour ainsi dire qu’une scène de deuil et de
mort, où chaque jour j’avais à inscrire le nom de
quelques nouvelles victimes enlevées soit à XAstrolabe,
soit à la Zélée. Ce même jour, à sept heures du
soir, l’équipage de XAstrolabe eut à regretter le matelot
Le Blanc, jeune homme d’une santé florissante
quelques jours auparavant, et qui avait ressenti déjà
au mouillage de Samarang les premiers symptômes de