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la ville. Nous y trouvâmes un mât de pavillon disposé
pour faire des signaux ; mais nous ne remarquâmes
dans les environs aucune cabane indiquant un poste
de vigie établi là en permanence. Ce fut au pied de
ce mât de pavillon que nous établîmes notre dernier
observatoire. Au moment où nous arrivions sur le
plateau, nous avions été assaillis par des brumes
épaisses et ensuite par la pluie. Heureusement, elle
fut de courte durée. Bientôt même l’horizon s’éclaircit,
et avant de terminer nos travaux, nous pûmes
jouir du coup d’oeil vraiment magique qui s’offre à
la vue du spectateur placé au pied du mât des signaux.
Nous apercevions alors Hobart-Town à nos
pieds. Nous pouvions suivre toutes les sinuosités de la
Derwent, qui étend son cours au milieu de plaines
couvertes de culture et de jolies habitations ; et
nous admirions toutes les découpures de la côte qui
forment, en mille endroits divers, de vastes et profondes
baies. L’horizon était borné par la mer, dont
la ligne bleuâtre allait se confondre avec l’azur du
ciel. Ce point de vue est, sans contredit, un des plus
beaux que l’on puisse rencontrer. Les habitants d’Ho-
bart-Town en font souvent le but de leurs promenades;
mais alors ils suivent un chemin peut-être
plus rapide, mais sans contredit beaucoup plus
court que celui que nous avions parcouru.
«La nuit s’approchait rapidement ; nous ne pouvions
disposer que de fort peu d’instants pour admirer le
spectacle qui s’offrait à nous, et que nous avions si
bien gagné. Il fallut songer au retour. Nous nous méfiions
avec raison de l’ignorance de nos guides. On
nous avait assuré à Hobart-Town qu’il ne fallait pas
plus de deux heures pour parvenir au sommet de la
montagne, en suivant le chemin dit de la Cascade.
Nous tâchâmes de faire comprendre à nos condamnés
que c’était par ce chemin qu’il fallait diriger le retour.
Le chef de l’escouade prit alors la tête de la colonne
d’un air tellement décidé, que nous dûmes croire
qu’il connaissait parfaitement les localités. Nous
eûmes le tort de nous confier de nouveau à lui et de
le suivre sans chercher nous-mêmes à reconnaître
d’abord les lieux.
« Pendant quelque temps nous pûmes descendre
sur une pente très-rapide, en nous laissant glisser le
long des blocs de rochers qui garnissaient le sol, mais
qui rendaient impossible tout retour sur nos pas. Bientôt
cependant nous aperçûmes devant nous un immense
précipice. La montagne se terminait là par
une muraille ayant plus de 50 mètres de hauteur. Du
côté de la ville, le mont Wellington nous avait paru
taillé à pic, et certes il ne nous serait jamais venu dans
l’idée que nos guides choisiraient précisément ce côté
pour nous y conduire. Notre position devint alors
réellement des plus fâcheuses. Nous ne pouvions songer
à retourner sur nos pas pour regagner le plateau.
D’un autre côté, la nuit s’approchait rapidement, et
le froid qui se faisait sentir commençait à roidir nos
membres. La. pluie avait mouillé nos vêtements, et
au milieu de ces rochers, il fallait renoncer à l’espoir
de faire du feu pour nous réchauffer. Pendant près