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quel degré il attachait une idée de gloire aux succès de nos travaux.
La découverte de la terre Adélie était en effet un résultat
honorable dû aux efforts de l’expédition, q u i, au sortir d’une
épidémie cruelle , dans une situation précaire , et malgré d’immenses
obstacles, avait entrepris une exploration aussi difficile.
La fortune avait récompensé tant de persévérance ; si la route des
corvettes, arrêtées par la terre, n ’avait plus la chance de s’avancer
davantage dans le sud, du moins cette campagne n’avait pas été
stérile, et cette pensée nous inspirait une vive satisfaction.......
(A /. Desgraz. )
Note 20, page 186.
Le lendemain, à midi, nous étions par 66® 1 7 ’ 4 i ” lal- su d ,
et i36® 12’ 44” long. E. 11 existait entre ce résultat et celui déduit
de l’estime, une grande différence qui tendit à nous démontrer
que nos boussoles éprouvaient l’influence du méridien magnétique
; qu’elles indiquaient fort mal la route que nous suivions
et que nous avions réellement gouverné de l’ouest au nord,
lorsque nous croyions nous avancer au sud de cette même direction.
Labrise était toujours à l’est, mais très-faible ; nous prolongions
lentement k'terre, dont l’extrémité ouest nous était alors
masquée par des bancs de glace.
Le vent ayant un peu fraîchi pendant la n u it, en conservant
la même direction, nous avancions toujours vers l’O. S. O., lorsqu’à
trois heures et demie du malin, nous aperçûme,»devant nous
une banquise compacte qui se réunissait à la côte, et qui remontait
ensuite, au S. S. E ., aussi loin que la vue pouvait s’étendre ;
nous nous trouvions par le fait dans un grand golfe dont il nous
fallait sortir en louvoyant ; heureusement le temps était beau et
la mer unie.
A midi, d’après les observations, nous étions par 65° 56’ 4”
lat. S., et i35® 4»’ i4 ” long- E. ; nous gouvernions alors à
l’E. N. E, ayant le cap sur la banquise, qui était épaisse, bien terminée
et flanquée par intervalles de hautes montagnes de glace.
Auneheui’e quinze minutes, nous trouvant à un mille au plus de
ses parois, nous virâmes de bord, portant sur cette nouvelle route
au sud et au S. | S. E.; nous continuâmes ainsi à courir des
bordées. Le lendemain au matin, nous présumions être tout
à fait dégagés , lorsque nous vîmes encore le même rempart
devant n o u s, débordant de quelques milles au nord ; il fallut
donc nous remettre à l’oeuvre et continuer un ennuyeux lou-
voyage. Malheureusement, les circonstances annonçaient devoir
changer ; la b r ise , qui jusqu’alors s’était maintenue maniable,
commençait à fraîchir ; le cie Ise couvrait, et tout annonçait que
nous allions avoir du mauvais temps.
A cinq heures du soir, il ventait grand frais, par violentes
rafales; la neige tombait très-épaisse, etla moindre manoeuvre était
devenue très-difficile, à cause du verglas qui couvrait les voiles et
les agrès; nous courions depuis quelques heures la bordée du sud,
n’y voyant pas à deux longueurs de navire devant nous, lorsque
nous nous trouvâmes subitement entourés de débris qui indiquaient
le voisinage de quelques grosses masses : le péril était
imminent; nous virâmes aussitôt lo f pour lo f , afin de reprendre
les autres amures. La promptitude que nous dûmes apporter à
la manoeuvre, jointe aux obstacles que nous présentaient la neige,
la glace et la force du vent, ne permirent pas d’exécuter l’évolution
avec toute la précision et les ménagements convenables ;
nous ne pûmes éviter de déchirer la grande voile, de déralinguer
le petit foc et l’artimon, trois voiles devenues indispensables dans
la position nous nous trouvions. La trinquette était heureusement
enverguée, et nous l’établîmes immédiatement.
Une fois sur l’autre bord , nous aperçûmes encore VAstrolabe
au vent et à petite distance , mais bientôt la brume nous la
déroba, nous la perdîmes de vue. Le vent augmentant encore de
force, nous n’eussions pas, dans toute autre circonstance, hésité
à mettre entièrement à la cape; mais, engolfés comme nous l’étions,
il devenait urgent de nous maintenir autant que possible, et nous
gardâmes les trois huniers au bas ris, au risque de les voir
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