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reté, et fit bien vite disparaître cette apparence trompeuse.
Vers les trois heures de l’après-inidi, M. Gervaize,
qui était de quart, crut de nouveau reconnaître dans
Test un indice de terre. Depuis longtemps il apercevait
dans cette direction une tache grisâtre qui paraissait
stationnaire; mais déjà nous avions été si souvent
induits en erreur par ces fausses apparences, si fréquentes
dans ces parages, que nous étions devenus
très-méfiants. M. Dumoulin, qui se trouvait sur le
pont, occupé dans ce moment-là à relever les différentes
îles de glace qui étaient en vue, se hâta de
monter dans la mâture afin d’éclaircir tous les doutes;
il s’assura alors que l’indication donnée par M. Gervaize
se rapportait à un nuage qui, vu de la hauteur
de la hune d’artimon, paraissait être au-dessus de
l’horizon. En descendant, il m’annonça en outre, que
droit devant nous, il existait une apparence de terre
bien plus distincte et mieux tranchée ; c’était, en effet,
la terre Adélie. Grâce à cette circonstance, M. Dumoulin
fut le premier de nous tous qui aperçut la
terre. Mais il avait été si souvent déçu par des illusions
de ce genre, qu’il était loin lui-même de croire à sa
découverte, et même il fut un des derniers à reconnaître
la réalité de son existence.
A six heures du soir, nous comptions 59 grosses
glaces autour de nous et un grand nombre d’autres à
toute vue. La brise était tout à fait tombée; la mer,
abattue sous le poids des énormes blocs qui la surchargeaient,
était calme et unie comme un lac. Le
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soleil brillait de tout son éclat, et ses rayons, se réfléchissant
sur les parois de cristal qui nous envi ronnaient,
produisaient un effet magique et ravissant.
Nous ne comptions plus un seul malade sur les
cadres. M. Dumoutier m’avait prévenu qu’il avait cru
apercevoir sur quelques hommes des indices d’une
invasion prochaine du scorbut; mais heureusement
tout danger de ce genre avait rapidement disparu devant
les soins assidus des médecins. Aussi nos équipages,
pleins de courage et de bonne volonté, paraissaient
gais et contents. Ils avaient préparé dès
longtemps une cérémonie semblable à celle qu’on
pratique à bord des navires au passage de l’équateur,
et les acteurs, après m’en avoir demandé la permission
, se tenaient prêts à paraître sur la scène lorsque
nous arriverions sous le cercle polaire. J’ai toujours
pensé que les farces grossières dont les matelots ont
l’habitude de gratifier ceux qui, pour la première
fois, franchissent les limites équatoriales, étaient d’un
bon effet à bord d’un navire, où les distractions sont
si rares pour les marins, et où souvent l’oisiveté et
l’ennui qui en est la suite jettent le découragement
dans les équipages. Aussi, loin de m’opposer aux
scènes burlesques que préparaient nos matelots, je
leur déclarai que je serais le premier à m’y soumettre
; seulement, en raison de la température, je
leur défendis de jeter de l’eau sur le pont, ni de
soumettre personne à des ablutions qui ne sont supportables
que sous la zone torride. Je leur laissai,
du reste, le soin d’inventer le genre de céi’émonie à