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Janvier.
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sauce de la terre Adélie. Mais dans la soirée, les
vents soufflèrent de nouveau de Test. La neige recommença
à tomber à foison. La mer élait battue et tourmentée
*.
Le lendemain, les vents paraissant tout à fait fixés
h l’e s t, je crus devoir renoncer à toute tentative de
pénétrer dans cette direction, et dès lors, je songeai à
diriger ma route de manière à la rendre la plus avantageuse
possible pour la recherche du pôle magnétique.
Après avoir consulté M. Dumoulin, la route fut donnée
au S. 0 ., afin de pouvoir couper tous les méridiens
magnétiques dont les courbes semblent devoir se rap-
}>rocher le plus de celles des méridiens terrestres. A
midi, nous étions par 64“ 4-ff de latitude sud ; deux
ou trois îles de glace seulement étaient en vue. La
mer était encore très-grosse, mais le temps était beau,
quoique brumeux, et nos corvettes, couvertes de
toile, ayant le vent en poupe, défilaient rapidement.
A quatre heures, l’homme de vigie signala devant
nous, et à petite distance, une glace d’une immense
Cette persistance des vents d’est dans les hautes latitudes est
un fait très-remarquable. Comme on le sait, entre les parallèles
du 3o«au 6o® degré, les vents régnants soufflent presque constamment
de l’ouest. 11 ne serait pas impossible qu’au delà de cette limite
les vents d’est devinssent plus fréquents que les vents d’ouest.
Nous ne connaissons point encore les observations météorologiques
faites dans les mêmes parages, par les capitaines Wilkes et
James Ross ; mais les routes que ces navigateurs ont suivies dans
leurs reconnaissances des régions glaciales sembleraient devoir
conduire aux mêmes conclusions. y . D,
étendue. Bientôt en effet, nous aperçûmes, à Iravers
la brume, une longue ligne de glace s’étendant du
S. E. au N. 0 ., et paraissant continue. Aussitôt je
donnai l’ordre de serrer le vent en prenant les amures
à tribord.
Nous avions à peine exécuté notre mouvement, el
déjà l’officier de quart avait donné l’ordre de faire
amiirer la grand’voile momentanément carguée pendant
la manoeuvre, lorsque la vigie signala un navire
courant vers nous vent arrière. En un instant
tout le monde fut sur le pont. Chacun en effet était
bien aise de s’assurer de l’exactitude d’une nouvelle
si inattendue dans les parages où nous nous trouvions.
Le navire signalé marchait rapidement, et déjà
il était très-près de nous lorsque la vigie l’avait annoncé.
La brume seule l’avait masqué jusqu’alors.
En même temps que nous distinguâmes ses formes,
nous pûmes reconnaître son pavillon de nation qu’il
avait hissé aussitôt qu’il nous avait aperçus. C’était
un brick américain, et la flamme nationale qui flottait
au sommet de son grand mât indiquait que c’était
un bâtiment de guerre. Comme je l’ai déjà dit,
nous savions, à notre départ d’Hobart-Town, que l’expédition
américaine, composée de plusieurs navires
placés sous les ordres du capitaine Wilkes et destinée
à accomplir un voyage de circumnavigation, était à
Sidney au mois de décembre, faisant ses préparatifs
pour tenter une nouvelle exploration polaire. Ainsi,
nous étions certains que le brick aperçu faisait partie
de cette expédition ; et lui-méme, à la vue de nos