
Le langage d’imitation, l’onomatopée, correspond à un
genre d’écriture qui lui est infiniment supérieur en précision,
cette écriture se compose d’hiéroglyphes figuratifs,
kyriologiques (wpto'koyuYi,') sicmg hîng ou significatifs
au propre par le moyen des premiers éléments vocaux
et graphiques (5là. t<üv ir/xûrwv a~oiytiw). Ces hiéroglyphes
seront compris partout et toujours ; les scènes d’histoire
qu’ils reproduisent n’offriront jamais la moindre obscurité.
Les noms propres significatifs qu’ils indiquent
sont immédiatement compris.
Quand l’hiéroglyphe est détourné de Savoie primitive,
quand il devient tropique, métaphorique, kià-tsiéi, il
reste facilement intelligible, car l’esprit humain est accoutumé
à la comparaison, et va facilement du semblable
au semblable ; ainsi quand l’hiéroglyphe métaphorique
nous dit d’un roi ou d’un héros : c’est un lion, un lion
veillant sans cesse, il a tête, coeur et griffes de lion ;
quand il nous dit d’un importun, c’est un rat, une
mouche, un moineau ; d’un méchant, c’est un crocodile,
une vipère ; nous comprenons ces métaphores aussi
aisément que l’hiéroglyphe figuratif, propre. La plupart
de ces valeurs tropiques sont universelles ; la taupe, le
pourceau, le cygne, la fourmi, l’abeille, l’aigle, l’éléphant,
l’âne sauvage et tant d’autres représentent, depuis
des siècles, les mêmes vices et les mêmes vertus. Les
hiéroglyphes allégoriques n’étant composés que d’une
suite de métaphores, se rattachent encore directement à
la forme primitive. Il n’y a de difficulté que pour les
— 1 1 5 —
hiéroglyphes énigmatiques, et qui font allusion à des
croyances religieuses, à des opinions scientifiques. Ici le
caractère d’universalité disparaît. Le signe n’est intelligible
que pour les initiés ; ainsi, les statues grecques
seraient dépourvues de sens, si la Mythologie des Hellènes
nous était inconnue ; ainsi, la sculpture symbolique
du moyen âge n’a plus de signification pour ceux qui
n’ont pas lu ces lapidaires, ces bestiaires, ces volucraires,
ces miroirs de la nature, dans lesquels les Pères de l’Eglise
avaient signalé les faits nombreux où leur piété
naïve croyait retrouver les images du Christ et de Satan,
du fidèle et du pécheur.
Tandis qu’en Egypte, dans la caste supérieure, l’hiéroglyphe
de plus en plus obscur et stérile, perdait tout
caractère d’universalité, et n’était plus que l’objet d’une
science mystérieuse et vide, enseignée à un petit nombre
d’adeptes ; il subissait dans les classes inférieures, des
modifications bien autrement profondes. La difficulté de
tracer suivant les rits sacrés les lignes gracieuses prescrites
aux hiérogrommates, avait de bonne heure amené
l’usage d’un caractère plus simple, dans lequel se retrouvaient
cependant les principaux traits de la figure
primitive ; mais bientôt la nécessité de simplifier encore
les signes devint plus impérieuse, la forme épistologra-
phique, enchoriale, démotique, vulgaire; analogue au
thsaô des Chinois, ne représenta plus aux yeux et à l’esprit
que des syllabes, des articulations et des voix ; il
n’était plus possible d’obtenir l’idée par l’analyse des