
sons que peuvent produire les organes de la voix, à l’étrangeté
phonétique de certaines langues, dont jamais
aucun signe graphique ne pourrait indiquer les sauvages
intonations. C’est une erreur dont la science a
fait justice. L’état actuel des recherches physiologiques
et mathématiques dont cette question a été 1 objet, permet
de définir la nature exacte de chaque son dans une
langue donnée, de manière à lui attribuer la place qui
lui convient. Enfin, on peut s’assurer que le système
a été développé de telle sorte que l’application puisse
en être universelle. Avant les ingénieuses investigations
du docteur John Herschel ; Yolney, Beauzée,
Destutt-Tracy, Eichoff et Biillner avaient compté les
voix et les articulations. Le nombre en étant rigoureusement
fixé, rien n’était plus facile que d’attacher à chacun
d’eux un signe quelconque, un chiffre par exemple, et
l’on arrivait à des combinaisons infinies. Le savant auteur
du Traité de la formation méchanique des langues,
le président de Brosses, a classé les sons en 1765. Il a
créé un alphabet organique, dont chaque signe représente
le mouvement qu’on doit imprimer aux organes de
la voix pour produire lé son indiqué.
§ XIII.
La propagation d’un tel alphabet n’est pas impossible.
11 est aisé à une société de missionnaires de convenir
d’un système régulier de transcription et de l’imposer
aux néophytes. Le monde savant pourrait encore à la
rigueur s’entendre sur l’adoption de quelques signes
arbitraires de la pensée. Bien loin de s’égarer comme
les pasigraphes dans une immense carrière, les auteurs
qui ont imaginé des méthodes de transcription les ont
souvent fait adopter; mais plutôt en raison de la facilité
qu’en raison de la perfection. Ainsi pour l’arabe et l’hébreu,
la vieille méthode vulgaire, malgré ses nombreux
défauts, a été suivie par l’illustre de Sacy et par la commission
officielle de 1803. C’est en vain que Yolney a
proposé quelques réformes; on n’a pu se résoudre à
employer des lettres modifiées qui semblaient des signes
nouveaux, aussi étranges que les caractères ingénieux de
I alphabet organique. — L’alphabet universel ne saurait
être non plus le résultat de la fusion des alphabets nationaux;
car ceux-ci sont presque tous des tachygraphies
maladroites à la fois incomplètes et surchargées de signes
inutiles.
Conditions que devrait remplir un alphabet
rigoureusement phonographique.
L alphabet universel aura pour premier caractère une
simplicité extrême : 1° avec moins de lettres, avec moins
d accents que les anciens systèmes graphiques, il représentera
tous les sons articulés, et jusqu’à des intonations
délicates que l'écriture ne peut rendre ; 2° il désignera
dans la lettre double l’articulation dominante ; 3° il donnera
un moyen facile d’indiquer la prononciation réelle
et variable sans loucher à l’orthographe étymologique.