
de trouver les objets que l’on recherche, M. Abel de
Rémusat avait le droit de dire : u II n y a pas, même en
Europe, une nation chez laquelle on trouve tant de livres,
ni des livres si bien faits, si commodes à consulter et à
si bas prix, à Le peuple chinois parait avide d instruction.
Il n’y a pas d’artisan qui ne sache lire quelques caractères
et faire usage des livres relatifs à sa profession. La
foule des lettrés, qui n’ont pu réussir dans les examens,
se répand dans les villes pour y enseigner la lecture et
les éléments de la littérature. Les collèges sont fréquentés,
et surveillés par des examinateurs. Enfin, il y a à Peking
une école des interprètes, ou 1 on enseigne les langues
des pays voisins de la Chine, et où les étrangers étudient
la langue chinoise.
§ XI. D I F F I C U L T É S D E L ’ É T U D E D U C H IN O I S .
Quand on peut apprendre sur les lieux, et par la pratique,
le chinois vulgaire, cette étude n’est pas plus
longue que celle d’un autre idiome. La Grammaire est
d’une extrême facilité ; les mots sont peu nombreux.
u Quand on compare le chinois au sanscrit, dit un Indianiste
distingué, M. Delâtre, et que l’on voit la simplicité
des moyens avec laquelle la première de ces langues
rend les idées que l’autre n’exprime qu’à l’aide de mots
de plusieurs syllabes ; on se demande si le chinois n est
pas la plus naturelle et la plus logique de toutes les
langues. On se demande à quoi servent ces longues terminaisons
que le sanscrit et les langues qui en dérivent ajou-
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lent à la racine quand cette racine monosyllabe pourrait
à elle toute seule dire exactement la même chose,
ainsi que le chinois le prouve. Cette observation parait
surtout vraie, quand on l’applique au Latin, à l’Italien,
au Français, où il arrive souvent que la terminaison n’a
aucune valeur, et que le mot pourrait en être dépouillé
sans perdre sa force. Ra-dius fait ray-on en Français,
et ray en Anglais, rai en ancien Français ; assurément le
mot Anglais est aussi expressif que les deux autres, quoiqu’il
manque de terminaison. «
Il est difficile de transcrire le chinois parlé.
Mais cette langue vulgaire à la Chine, cette langue
parlée n’a jamais été réellement représentée par aucune
espèce d’écriture.
Cette impossibilité dans laquelle se trouvent la plupart
des peuples de la Chine, de prononcer certaines
lettres de l’alphabet européen empêchera longtemps
encore les Chinois de parler d’une manière intelligible
les langues occidentales (1).
Le chinois présente à tout système de transcription
des obstacles insurmontables, les onomatopées y sont
(1) A Canton, ils ont essayé de former un langage hybride
composé de mots anglais disposés selon les règles de la syntaxe
chinoise, mais le seul changement de R en L produit bien des
équivoques, ainsi les marchands de riz qui parcourent le quartier
Anglais, proposent leur marchandise en criant lice au lieu de
rice.