
duisit en Allemagne. Au sortir de ces douloureuses époques
de transition, la paix intérieure et extérieure vient
toujours donner à l’expression une précision remarquable
; la grammaire est étudiée avec une ardeur intelligente,
et d’heureux efforts achèvent de régulariser
et de polir la langue.
§ VIII. l ’ h i n d û u s t a n i .
En poursuivant notre voyage philologique nous rencontrons
encore un hybride célèbre et fécond, c est 1 hin-
doustani, qui naquit au XIe siècle, de l’union du prakrita,
de l’hindouï et de la langue persane. Cette double origine
permet à l’hindoustani de se servir indifféremment
des lettres arabes et du syllabaire sanscrit, il transcrit
même le sanscrit en neski avec une facilité prodigieuse ;
il lui a suffi de quelques points diacritiques pour mettre
l’alphabet sémitique au niveau du devânagàri. Les Hindous
Brahmanistes ont bien de la peine à soustraire le
vieil hindi, le khâri boli à l’influence de son jeune parent.
La fortune de l’hindoustani fut brillante et rapide vers
16S9, sous Aureng Zeyb, il était devenu l’idiome de la
cour du Grand-Mogol ; il règne encore aujourd’hui dans
la plus grande partie des provinces de Delhi, d’Agra,
d’Oude et d’AUabahad.
Il est compris dans presque toutes les grandes villes et
parlé, à l’exclusion de toute autre langue, par tous les
musulmans de l’Inde. C’est aussi la langue du commerce
et de l’administration. Depuis Calcutta jusqu’à Bombay,
depuis le Dékan jusqu’à Cachemire, il n’y a pas une
ville de quelque importance, où l’étranger ne puisse se
faire entendre au moyen de l’hindoustani, qui est sous
ce rapport pour l’Inde, ce que le français est pour l’Europe.
D’après les calculs qui portent à 130 millions la
population dont l’hindoustani est le lien commun, son
domaine ne le céderait en importance qu’à celui du Chinois,
puisqu’il s’étendrait a l’immense territoire qui sépare
l’Indus du Gange, et le cap Comorin de la Bou-
karie.
§ IX. Q U E L L E S P R É C A U T IO N S I L F A U T P R E N D R E D A N S L A
T R A N S C R I P T IO N D E S N O M S E U R O P É E N S E N C A R A C T È R E S
O R I E N T A U X .
Il est nécessaire de pouvoir transcrire en caractères
orientaux les noms propres européens, de manière à ce
qu’il soit toujours possible de rétablir la forme originale;
c’est une précaution des plus importantes, car tous les
noms géographiques de l’Europe, de l’Amérique et d’une
partie de l’Océanie, vont passer d’Occident en Orient. Il
en est de même pour les grands noms historiques de
la civilisation européenne; les sciences naturelles, la
physique, la chimie, la technologie introduiront par milliers
des termes spéciaux dans le dictionnaire oriental.
Jusqu’à présent le peuple qui est le plus en contact avec
l’Europe moderne, le peuple turc a transcrit assez fidèlement
les mots français et italiens, ainsi vapor, numéro,
passeport, Paris, Toulon, Madrid, Roma, english,papa,