
dépendant, anciens fondateurs du Khannat de Boukhara
et du Sultanat de Kharezm ; par les Turcomans, anciens
conquérants de la Perse, du Caboul, du Daguestan et du
Chirvan ; par les Kirghiz, par les Nogaïs errants dans les
Steppes, qui vont du Caucase au Volga; par les Toura-
liens ou Alatys, encore en majorité dans les gouvernements
russes de Tomsk, d’Orembourg et de Tobolsk,
et dont le dialecte offre une ressemblance extrême avec
celui de Constantinople. Enfin, la dernière tribu des
Turcs est ce petit peuple Osmanli, qui, comptant à
peine 12,000,000 d’âmes, s’est emparé de l’Asie-Mineure,
de la Syrie, de l’Empire grec, des Etats barbaresques ;
a résisté à l’Europe entière au temps des Croisades, et
combattu avec gloire les Allemands et les Slaves. Ne serait
il pas possible de réunir autour d’un chef aussi justement
célèbre, les membres belliqueux de la grande
famille turque? Ne serait-ce pas un moyen d’enlever la
Sibérie aux Russes et de leur fermer le chemin de l’Asie
méridionale ?
Sous le rapport philologique, les Osmanlis peuvent
faire d’immenses progrès ; leur langue est déjà une magnifique
synthèse de l’arabe, du persan et du turc.
Suivant un proverbe oriental rapporté par William
Jones, ad lusus et amores sermo persicus, ad poemata
heroïca et eloquentiam arabicus, ad moralia scripta
turcicus videtur idoneus, et sous une forme plus concise,
le persan séduit, l’arabe persuade et le turc commande.
Les rapports mystérieux en vertu desquels trois peuples
d’origine différente cherchent à se compléter par
leur union intime, peuvent encore devenir un moyen de
grandeur et d’unité pour les nations musulmanes. Un
homme de génie, le Scheik Mohy Eddin avait compris
cette tendance significative, et pour hâter la fusion, il
avait composé un idiome spécial réunissant toutes les
séductions, toutes les grâces du perse à la poétique
énergie des enfants du désert, à l’imposante majesté des
Osmanlis. Il avait confié la propagation de ce magnifique
langage à la secte mystique des sophis; il avait
donné à son oeuvre le nom de balaï balan, parole de lumière.
Si les rêves du génie devancent les temps, un
homme ne fera jamais ce que les peuples et les siècles
peuvent seuls accomplir ; la grande pensée de Mohy Eddin
n’est pas encore une réalité.
On ne peut blâmer dans la langue ottomane que l’incertitude
de quelques voyelles et la longueur des phrases
incidentes, mais la fréquentation des occidentaux et les
progrès intellectuels feront bientôt disparaître ces deux
imperfections. Elles ne sont pas particulières au caractère
de la langue, qui est claire, mâle, sonore, harmonieuse.
Elle? tiennent uniquement à la perturbation momentanée
qui est jetée dans les esprits par la lutte de l’ancien
régime et des formes européennes. Quand l’esprit français
et l’esprit saxon se disputaient l’Angleterre, encore
indécise entre l’antique croyance et les idées nouvelles,
tous les écrits étaient embarrassés de longues parenthèses
et de lourdes périodes. Le même fait se repro