
européennes, de se souvenir de la valeur de quatre cents
monosyllabes dont la plupart sont des onomatopées fa-
ciles à retenir. H serait d’ailleurs aisé de faire entrer ces
quatre cents racines dans un texte, dans un exercice analogue
à ceux de Coménius ou de Robertson. Une seule
page pourrait les contenir, et ce texte une fois gravé dans
la mémoire, on n’aurait plus pour traduire instantanément
qu’à tenir compte de la valeur des accents déterminatifs.
Pour transcrire l’écriture philosophique du chinois, il
m’a suffi d’augmenter d’un très-petit nombre de caractères
idéographiques la table des déterminatifs dont je
viens de parler, et qui se compose de signes européens
depuis longtemps connus. A 1 aide de ces signes, je lia—
duis rigoureusement la table des clefs et j obtiens, sous
une forme extrêmement simple, des groupes identiques
en valeur idéographique aux groupes de 1 écriture chinoise,
en sorte que celle-ci ne perd rien des propriétés
remarquables qui lui ont mérité le titre de langage vivant,
d’algèbre pittoresque des sciences et des arts.
Quant à la dernière difficulté, celle du maniement
compliqué du dictionnaire chinois, je 1 ai complètement
détruite, et j’ai trouvé un procédé graphique, un moyen
matériel qui permet de chercher un caractère chinois
aussi facilement qu’on cherche un mot de toute autie
langue dans un dictionnaire spécial ; un mot français,
par exemple, dans un dictionnaire français.
Dans la seconde partie de cet ouvrage, toutes ces améliorations
seront développées avec les plus grands détails.
Il serait inutile de discuter ici leur possibilité. Il ne s’agit
pas de systèmes douteux, mais de vérités matérielles dont
l’existence se démontre par des faits matériels et incontestables.
Il est encore une question sur laquelle je veux, en terminant
cette étude, appeler l’attention des sinologues;
cette question est étroitement liée à celles des origines de
la parole et de l’écriture ; sa solution aurait pour la simplification
de l’étude des langues, des conséquences incalculables.
Faut-il, avec Klaproth et Abel de Rémusat, considérer
les caractères chinois actuellement en usage, comme le
résultat naturel de l’altération des hiéroglyphes primitifs
du kou-wèn? ou bien, faut-il, avec les missionnaires de
Péking, avec le père Amyot, avec Fourmont et de Guignes,
regarder l’écriture chinoise actuelle comme un ensemble
régulier, établi d’une manière systématique ?
L’inventeur de cette écriture a-t-il procédé comme les
pasigraphes, en établissant d’abord une table des idées
générales ? A-t-il représenté chacune d’elles par un caractère
emprunté autant qu’il le pouvait faire, à l’ancien
système hiéroglyphique, et ramené toujours à sa forme la
plus simple? A-t-il ensuite composé tous ses caractères
par la combinaison logique de ses radicaux primitifs et
d’un petit nombre de signes modificatifs et explétifs consacrés
par l’usage?
Mais s’il en est ainsi, on peut reconstruire la table primitive,
déterminer rigoureusement le sens de chaque