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mander à cette science des applications matérielles et
pratiques, il fallait qu’à l’aide de la vapeur et du télégraphe
électrique, le génie de l’homme fût parvenu à
supprimer l’espace et le temps ; il fallait que des événements
politiques, d’une immense portée, eussent fait
tomber les barrières morales qui séparaient, depuis plus
de quatre mille ans, les fils de la grande famille.
CHAPITRE SECOND.
§1 -
ECOLES PHILOLOGIQUES.
Mais si la science de la parole a conquis depuis peu
d’années une place glorieuse parmi les réalités ; jamais,
depuis le premier jour, l’homme n’a cessé de la pressentir,
de l’espérer, de la glorifier.
Toujours ainsi le berceau d’une science est entouré de
rêves brillants, d’espérances téméraires et d’aspirations
divines. Ces visions prophétiques peuvent seules donner
aux amis du savoir la force de soutenir les rudes
épreuves qu’exigent l’étude patiente des faits, la conquête
des lois, et la longue incubation des oeuvres du
génie. Mais il n’est point de rêve qui ne soit éclipsé par
la splendeur d’une science nouvelle qui surgit comme
Pallas ; grande, forte, bien armée, se mêle à la vie active
et manifeste les hautes théories dans l’usage facile et
l’utilité générale.
Jamais les aspirations divines n’ont trompé le coeur et
l’esprit de l’homme; jamais il n’y a eu de travail stérile
dans les champs immenses du savoir. C’est à la grandeur
des espérances, c’est à .la masse des travaux préparatoires
qu’on peut apprécier l’importance des sciences
nouvelles, comme on estimerait la grandeur future d’un
édifice d’après l’étendue et la solidité de ses bases.