
les côtes orientales et occidentales de l’Afrique. Sur le littoral
de Ceylan et de l’Indoustan il a créé avec les filles
de l’Indi le dialecte moors. Au Brésil, il a formé avec les
idiomes guaranis une autre langue commune, le loupi
dont l’utilité fut si grande aux travaux de l’apostolat, de la
conquête et du négoce, et qui est encore aujourd’hui
très-répandu parmi les Indiens et les Portugais de la
province de Saint-Paul ; mais ces langues hybrides sont
restées à l’état d’idiome commercial, aucune d’elles n’a été
transformée par un grand génie en langue stable et littéraire.
Le malai est plus avancé, il possède un code
rédigé depuis le XIIIe siècle, de nombreux monuments
historiques et des traductions des chefs-d’oeuvre de la
littérature orientale ; le domaine du malai s’étend depuis
le cap de Bonne-Espérance, jusqu’à la nouvelle Guinée
inclusivement, c’est-à-dirè, sur un espace de près de 3,000
lieues. Malgré les emprunts qu’il a faits au sanscrit, malgré
les termes nombreux que lui a imposés 1 arabe, le
malai n’est pas un métis, c’est une langue conquérante.
Suivant Crawfurd, sur 100 mots malais : 30 appartiennent
au fond général océanien, 27 à la Malaisie, 16 au
sanscrit, S à l’arabe, 2 enfin au télinga, au persan ou
aux langues européennes. D’après le savant navigateur
Freycinet, le malai remplit dans l’Océanie le rôle que
joue en Europe le français. Aux Philippines et à Java, où
il règne sur les côtes et dans les ports, on trouve dans
l’intérieur des langues qui ont avec lui un grand rapport
de fraternité.
§ IL l ’ a n g l a i s .
L’anglais est une langue maritime, en ce sens qu’on le
retrouve en tous les lieux où des positions militaires ou
de vastes colonies assurent à la nation anglaise l’empire
de l'Océan. L’anglais est parlé dans les Etats-Unis d’Amérique,
il est assez répandu dans le Hanovre, les iles
Ioniennes, le groupe de Malte, le Portugal, le Brésil et la
République d’IIaïti ; celte langue occupe donc sur la carte
philologique une place considérable, mais elle semble
frappée de stérilité, elle n’a produit aucun de ces dialectes
hybrides qui ont survécu à la puissance maritime
du Portugal, elle ne paraît pas non plus douée de cette
force d’absorption que l’allemand, l’arabe et le persan
possèdent à un si haut degré. Dans l’Inde elle n’a pu
détruire les langues brahmaniques. Dans l’Amérique du
nord elle est repoussée par les colons d’origine française.
Sur le sol même des iles britanniques, elle n’a pas anéanti
les débris du celte ; le gaélique, l’irlandais, le gallois,
l’erse, le caldonach et le mank, ces langues des races
Arainçues sont réduites à L’état d’idiome populaire ou de
patois, mais elles vivront longtemps encore.
Cependant, cette langue anglaise est riche et flexible,
elle est dans sa structure le plus simple et le plus logique
de tous les idiomes de l’Europe, elle est comparable sous
ce rapport au copte et au chinois. D’où vient donc sa stérilité,
son impuissance relative, pourquoi l’anglais n’est-
il pas devenu l’idiome littoral du monde entier, puisque