
Faisons donc une rapide énumération des traditions
religieuses, des données scientifiques et des essais pratiques
sur cette grande question, 1 origine, le pouvoir et
Xavenir de la parole. Cette revue sera une histoire
abrégée de la philologie. — Je ferai connaître ses trois
grandes écoles avec une impartialité complète, car je
crois qu’on peut (sans les mutiler par les concessions de
l’éclectisme), les concilier toutes dans une vaste synthèse
qui prendra chacune d elles tout entière, et 1 absorbei a
dans un principe supérieur.
§ II. É C O L E T R A D I T IO N N E L L E O U R E L I G I E U S E .
Tradition universelle.
Au sujet de l’origine de la Parole, toutes les traditions
religieuses sont d’accord.
Toutes sont résumées dans ces mots : Au commencement
était la Parole, loyoç, verbum, la Parole était avec
Dieu, e t la Parole était Dieu. — Elle était au commencement
avec Dieu, toutes choses ont ete faites pai elle, et
rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En Elle était
la vie, et la vie était la lumière des hommes, etc. (S.
Jean, ch. I.)
Les livres sacrés de l’Inde parlent ainsi : Avant toutes
choses était l’Ètre des êtres, Brahni, 1 unique, 1 incomparable,
le pur, l’infini, forme de toutes choses et supé-
rieurà toutes choses, exempt de toute dualité. (Oupnekha,
1 et II ; passim, IV.)
La première parole que prononça le Créateur fut Oum.
Oum parut avant toutes les choses, et il s’appelle le
premier né du Créateur. Oum ou Prana pareil au pur
éther, renfermant en soi toutes les qualités, tous les éléments
est le nom du corps de Brahm, et par conséquent
infini comme lui, comme lui Créateur et maître de toutes
choses. — Brahma, méditant sur le Verbe divin, y
trouva l’eau primitive, lien commun de toutes les créatures,
et le feu primitif, et la Trinité et les Védas (livres
sacrés), et les mondes et l’harmonie universelle des
choses. (I, 5; III, 69; IX, 92; XXV, 131, XLVIII, 168.)
Zoroastre enseigne que l’Eternel par son essence est
Verbe, du trône du Bon fut donné le Verbe, Honover,
l’excellent, le pur, le saint qui était avant que le ciel fût,
non plus qu’aucune des créatures. De ce Verbe et par lui
est la primitive lumière, à la fois eau primitive et feu
primitif, de laquelle procèdent la lumière réelle, l’eau et
le feu que nous voyons.
Ce verbe de bonté est Ormuzd, le fils de l’Eternel, le
premier né des êtres, image resplendissante et vase de
l’Infini, toujours lumière et lumière immense dont la
volonté infiniment sainte a sa source profonde dans
l’Etre infini.
MM. Creuzer, Goerres et Guignault s’accordent à voir
dans les livres d’Hermès Trismégiste et d’Asclépius la
source la plus précieuse des mystères de la théologie
égyptienne.
11 serait facile de justifier leurs théories par des faits