
1° Distinguer le radical de ses dérivés ;
2° Le dégager de ses accessoires ;
3° Déterminer son origine d’une manière certaine ;
4° Etablir son mode de formation au moyen des éléments
de sa composition et de son état actuel ;
5° Prouver quelle doit être la conséquence de son
acception rigoureuse, et obtenir ainsi d un mot quelconque
une étymologie incontestable, démontrée par sa
décomposition, son origine et son radical.
Des études patientes firent découvrir les lois du changement
des sons et de la variation des consonnes. — On
comprit qu’ il y avait deux classes de radicaux : 10 les racines
qui constituent la commune parenté des langues et consistent
dans certains rapports généraux qu’on remarque
entre les racines premières, essentielles de toutes les
langues ; 2° les racines qui constituent les affinités des
familles glossales. De l’analyse étymologique qui avait
pour but l’élude d’un idiome ou d une famille linguale,
on s’éleva jusqu’à l’étude comparative de toutes les
langues.
La classification, en s’attachant aux différences avait
empêché les philologues de considérer le langage sous
un aspect plus vaste, comme un tout, comme une souche
féconde qui a donné naissance à une infinité de branches.
Cette élude occupe l’intelligence beaucoup plus que
la mémoire, et fortifie la mémoire en liant les opérations
de celle-ci à celles de l’esprit.
Elle devient ainsi la meilleure des mnémoniques fondée
non sur le hasard et l’arbitraire, mais sur les véritables
et immuables rapports des choses, des idées et des
mots. Assembler des mots du même son, mais de sens
différents (comme dans les dictionnaires ordinaires),
c’est occuper la mémoire seule, et l’esprit n’y est pour
rien. Mais si, au contraire, on forme d’amples recueils de
mots ayant le même sens et le même son, l’intelligence
met en jeu le jugement, ou la faculté quelle a de comparer
et de distinguer. La mémoire à son tour, s’appuyant
sur une base plus solide, se repose ; elle semble avoir
trouvé un guide, un moniteur secret auquel elle s’abandonne,
et qui l’avertit à propos. Aussi est-elle capable
d’embrasser, de retenir et de servir beaucoup plus que
lorsqu’elle est seule, et bornée à ses moyens propres et
chétifs.
On se figurerait difficilement tout ce dont est capable
une mémoire, même médiocre, lorsqu’elle est ainsi soutenue
et dirigée par l’intelligence. Il ne lui est plus impossible
d’embrasser toutes les langues de l’univers, du
moins quant à la connaissance de leurs parties essentielles
; aucune de ces langues ne lui échappe ; elle peut
facilement les mander toutes devant soi et les passer en
revue, opération qui dépend beaucoup plus de la connaissance
exacte des modifications des mêmes mots que
du passage brusque d’un mot à l’autre. — L’étude générale
du langage humain nous indique les routes les
■plus sûres et les plus commodes pour arriver à la
science. ( Voir Klaproth et M. de Mérian.)