
landais, elles prouvent que c’est la simplicité des grammaires
et non pas leur extrême complication qu’il faut
regarder comme le signe d’une civilisation supérieure.
On est souvent étonné de trouver, dit Malte-Brun, chez
les nations les moins policées des idiomes dont la syntaxe
et les formes grammaticales ingénieusement combinées,
ou du moins compliquées avec art, indiquent un génie
méditatif étranger à l’état habituel de ces peuples. Sont-ce
les débris d’une civilisation éteinte et dont tous les autres
monuments ont disparu? Sont-ce les fruits du loisir de
quelques législateurs supérieurs à leur nation? Sont-ce
les restes d’anciennes langues sacrées, devenues la proie
de la multitude après la destruction des castes de prêtres
dont elles formaient le lien de communication? Quoi qu’il
en soit, la langue du Congo, dont celles de Loango et
d’Angola paraissent des dialectes, se distingue par des
formes grammaticales très-riches et très-compliquées.
Les divers articles ajoutés à la fin du substantif, dont ils
déterminent le sens, la formation régulière des mots dérivés,
les nombreuses modifications que subissent les
prénoms, la grande variété des modes et des temps que
présentent les verbes et par lesquels tous les rapports de
personne ou de localité s’expriment, le nombre étonnant
des verbes dérivatifs, l’abondance des voyelles sonores,
l’absence des consonnes les plus dures et la douceur de
la prononciation, tout fait de cette langue d’un peuple
barbare une des plus belles de l’univers.
Après avoir indiqué les simplifications qu’il serait possible
d’introduire dans l’étude des langues conquérantes,
il nous reste à indiquer les rapports de la graphonomie
avec la logotomie comparée.
Pour ces langues il n’y a que trois systèmes graphiques.
1° Le Syllabaire chinois, qui sert directement à plus
de 400 millions d’âmes, puisque dans la Chine seule, sur
un espace qui égale presque sept fois le territoire français,
on compte environ 560 millions d’habitants; puisque ce
Syllabaire se propage, avec les émigrants chinois, dans
toute la région intertropicale, où de grandes destinées
semblent attendre les races mongoliques.
2° L’Alphabet arabe dont l’origine, pour le dire en
passant, est méconnue, et qui est adopté par plus de
108 millions de Musulmans, Turcs, Persans, Afghans,
Hindous et Malais, maîtres de l’Asie occidentale et de
l’Afrique septentrionale.
3° L’Alphabet romain et ses congénères, adopté par
tous les sectateurs de Jésus-Christ, dont le nombre s’élève
dans toutes les parties du monde à 261 millions.
Voyons s’il ne serait pas possible d’établir, entre ces
trois alphabets, ces trois instruments analogues sinon
identiques de la pensée, un lien commun unissant à jamais
les 3 grandes formes de civilisation qui se disputent
l’empire de l’humanité.
L’histoire du langage, étudiée sur les plus anciens
monuments de l’Egypte et de la Chine, nous permet de
démontrer les faits suivants, qu’on pourrait d’ailleurs établir
à priori.