
de Dieu ; c’est tenter d’usurper le rôle qu’il s’est réservé
ou du moins qu’il a confié à la spontanéité des masses
humaines inspirées par lui.
§ XL Q U E L L E S S E R A I E N T L E S Q U A L I T É S N É C E S S A I R E S D ’ U N E
É C R I T U R E U N IV E R S E L L E .
Comme la langue primitive, l’écriture universelle devrait
aussi avoir des caractères incontestables de sa haute
mission providentielle.
1° Chacun pourrait en lire du premier coup les caractères
sans avoir besoin de connaître une seule lettre d’un
alphabet quelconque ;
2° Chaque figure représenterait à la fois tous les
attributs, toutes les facultés, toutes les propriétés d’un
objet par des signes qui n’auraient absolument rien d’arbitraire,
et dont chacun aurait sérieusement le droit de
signifier une chose ;
3° Enfin, dans cette langue, facilement universelle en
raison de l’évidence de sa forme extérieure, dans cette
langue immuable par son principe, chaque idée nouvelle,
chaque objet nouveau trouverait, en naissant, son nom
tout formé, son nom nécessaire, et dès lors intelligible
partout et toujours.
Souvent d’ailleurs la formation philosophique du nom
conduirait à la découverte des choses.
La langue serait comme le demandait Leibnitz, un
moyen de démonstration et d’invention.
Ge grand homme est le seul qui s’élève jusqu’à l’idéal
d’une langue parfaite, et qui ose concevoir la possibilité
de donner aux opérations de la pensée la forme et la
rigueur de l’algèbre et de l’arithmétique.
Nemo agressus est linguam sive Characlerislicen, in
quâ simul ars inveniendi et judicandi contineretur :
id est cujus notoe et characteres proestarent idem quod
notai arithmeticoe in numeris et algcbricoe in magnilu-
dinibus abstractè sumptis.
On peut terminer la classification des philologues par
les nuteurs, qui, sans demander aux traditions religieuses
ou à la science humaine, le secret des origines de la
parole et le miracle du don des langues, cherchent avec
ardeur les moyens d’en simplifier l’étude.
§ XII. C O M P O S I T IO N d ’ u n A L P H A B E T U N IV E R S E L .
C’est encore à cette école que se rattachent les savants
qui travaillent à la composition d’un alphabet universel
et rigoureusement phonographique.
De Brosses a le premier proposé ce problème, Yolney a
cherché à lerésoudre. De nos jours, on s’est remis à l’oeuvre
avec ardeur en Àllemagneet en Angleterre. M. Lepsius vient
de publier, à Berlin, Das allgeineine linguistiche alphabet.
Depuis 1763, une foule de grammairiens philosophes
cherchent cet alphabet qui contiendra toutes les lettres,
et qui sera adopté à la fois par tous les peuples du monde.
On les regarde comme des esprits téméraires, obstinés à
la poursuite d’un fantôme. L’opinion vulgaire attribue l’impossibilité
de l’alphabet, universel au nombre illimité des