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plupart des noms significatifs s’expliquent encore mieux
par les autres langues orientales que par l’hébreu lui-
même.
§ VI. r e c h e r c h e d e l a l a n g u e p r i m i t i v e .
Quand l’hébreu fut ainsi dépouillé de ce prestige d’antiquité
qui l’environnait depuis tant de siècles, on chercha
partout la langue primitive.
On produisit en faveur de l’arménien des arguments
très-spécieux.
Le chinois, le sanscrit apparurent comme les chefs de
deux grandes familles linguales qui couvrent la plus
grande partie du globe.
Des langues moins anciennes et moins répandues,
présentèrent aussi leurs titres à l’honneur de la maternité
universelle. Les droits du grec, du latin, du scythe,
de l’éthiopien, du suédois, du flamand lui-même, furent
défendus avec beaucoup d’érudition et de talent, les auteurs
espagnols soutinrent la gloire du cantabre avec un
acharnement égal à celui des français qui ramenaient
tout aux langues celtiques.
Le résultat de tant d’efforts fut considérable :
1° Le classement des langues fut préparé;
2° Il fut démontré que la langue primitive n’était ni
l’hébreu, ni aucune des langues connues ;
5° Il fut prouvé par les tentatives malheureuses de
Grotius et de Court de Gebelin, que la langue de nos
premiers parents ne pouvait pas être reconstruite par la
réunion des membres épars qu’elle aurait laissés dans les
langues dérivées. En effet aucun des idiomes connus ne
répond à l'idéal de la langue adamique, aucun ne peut
prouver la légitimité de ses prétentions en donnant un
moyen de rétablir l’unité antédiluvienne.
§ VII. A Q U E L S C A R A C T È R E S O N R E C O N N A Î T R A I T L A L A N G U E
P R IM I T I V E .
Que serait-ce en effet que la langue adamique? La
parole divine, la première révélation, la forme spontanée
et nécessaire de la lumière qui éclaire tout homme
venant en ce monde. Cette parole ayant pour triple base :
Dieu, 1 homme et le monde, la raison suprême, le sentiment
et la vie, ne peut être détruite ou changée tant que
la nature divine et la nature humaine demeurent invariables.
Comme oeuvre de Dieu la langue adamique est
à la fois parfaite, immuable, progressive et surtout d’une
prodigieuse simplicité. Si elle n’a pu ni périr, ni changer,
elle existe tout entière; la diversité apparente ne peut
être pour elle qu’un voile ; au fond, elle est la substance et
la vie nécessaire de tous les idiomes, la lumière latente
au sein de froides ténèbres. C’est ainsi qu’existait la parole
cachée, avant le premier jour. Une étincelle divine
fit jaillir les splendeurs de la création, à l’instant le chaos
disparut, et la chaîne immense des êtres déroula dans le
temps et l’espace ses anneaux infinis. "
La langue primitive apparaîtrait ainsi comme un point
lumineux; quelques dizaines de mots, quelques formes