
signe, et trouver toujours par décomposition la définition
qui résulte de la combinaison des caractères premiers,
qu’il ne faut pas confondre avec les clefs, dont la plupart
sont des caractères composés.
On pourrait donc, à l’aide de cette liste, pénétrer dans
la pensée des auteurs. L’homme du peuple et l’étranger
liraient sans peine les livres sacrés. Les occidentaux comprendraient
dans les textes originaux ce qu’ils n’ont fait
qu’entrevoir dans les meilleures traductions. Ils verraient
comment une écriture philosophique, même imparfaite,
fournit aux préceptes moraux des formules énergiques
qui saisissent l’esprit, des équations rigoureuses, des
contrastes frappants, des figures symétriques qui gravent
à jamais les pensées dans la mémoire.
La poésie chinoise se présenterait aux yeux de l’Europe,
avec ses formes gracieuses ; l’histoire avec ses tableaux
animés et ses locutions originales, vivantes empreintes
des siècles et dont le magique pouvoir évoque
les âges passés.
Pour résoudre cet important problème de la nature de
l’écriture chinoise, il faut examiner les trois questions
suivantes :
L
L’analyse des éléments graphiques des caractères chinois
actuels permet-elle de regarder ces caractères comme
des altérations des hiéroglyphes primitifs du kou-wên?
II.
La place assignée aux clefs est-elle arbitraire ou a-t-elle
sa raison d’étre dans la nature des systèmes idéographiques
?
III.
Les caractères décomposés présentent-ils des peintures
ou des définitions satisfaisantes ?
Si 1 écriture chinoise actuelle provenait du kou-wèn,
elle serait plus simple, plus cursive que lui, en vertu d’une
loi générale que nous révèle l’histoire de l’écriture.
Ainsi, en Egypte, 1 écriture hiéroglyphique avec ses
formes élégantes, correctes, rigoureusement déterminées,
a'fait place à l’écriture hiératique et celle-ci à l'écriture
demotique, qui n est plus qu une sorte de sténographie
dans laquelle on ne retrouve rien du type original.
(Champollion.)
Souvent aussi le caractère actuel n’a aucun rapport
de forme avec l'hiéroglyphe ancien.
Chez les Chinois, au contraire, le kiai-chou, l’écriture
carrée d’impression, est plus compliqué que le kou-wèn.
Il lui a certainement emprunté plusieurs figures, mais il
les a modifiées systématiquement, et pour des raisons purement
graphiques, remplaçant par le carré et l’angle
droit le cercle et la courbe que le pinceau trace difficile^-
ment. Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’oeil sur la table
des clefs pour voir que certaines figures significatives re-
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